Le Brésil a vécu bien des péripéties depuis son indépendance déclarée en 1822. Depuis, plusieurs régimes, souvent extrêmes et opposés, ont façonné l’Histoire politique du pays. Monarchie, république et dictature ont rythmé avec ardeur la vie politique du peuple brésilien. Actuellement, de la même manière que les Etats-Unis, c’est une république fédérale, choisie par la population qui constitue le système politique de cet immense territoire de plus de 8 millions de km2. Afin de bien comprendre le fonctionnement politique actuel du plus grand pays d’Amérique Latine, un bref historique s’impose !
SOMMAIRE
Chronologie politique du Brésil
Période coloniale brésilienne, 1500- 1822
Monarchie brésilienne, 1822- 1889 (1888, abolition de l’esclavage)
République du “café au lait” ( cafe com leite), 1889- 1930
La République des Etats-Unis du Brésil, 1945- 1964
La dictature militaire du Brésil, 1964-1985
Le Tribunal Suprême Fédéral, une instance politique brésilienne capitale
Un horizon politique porteur d’espoir pour le Brésil
Chronologie politique du Brésil
Le Brésil est actuellement une république fédérale constitutionnelle (la constitution en vigueur date de 1988). On compte 26 Etats fédérés plus le district fédéral de Brasilia, la capitale actuelle. Le pays est aujourd’hui une démocratie, cependant il n’en a pas toujours été ainsi. Plusieurs régimes politiques se sont succédé, le Brésil est un pays métissé chargé d’histoire.
Période coloniale brésilienne, 1500- 1822
Le Brésil colonial a duré plus de trois siècles. Cette période a été modulée par les différentes exploitations et productions du pays. Découvert par le portugais Pedro Alvarez Cabral, le Brésil sera donc en premier lieu un espace commercial très riche. Le tout premier intérêt des portugais se porte sur le bois. Ce bois a la particularité d’être rouge, excellent pour la teinture, et sera appelé “bois de braise” ( Pau Brasil ). C’est donc ce bois qui baptisera le pays, Brésil ! Par la suite, les productions sont diversifiées et multipliées. Canne à sucre, or et diamant, ou encore esclavage ont amené le Brésil vers un développement économique exponentiel, donnant lieu à de larges inégalités. Ce n’est qu’au XIXe siècle que le règne du Portugal sur le pays devient le combat de mouvements indépendantistes qui mènent à la déclaration d’indépendance du pays en 1822.
Monarchie brésilienne, 1822- 1889 (1888, abolition de l’esclavage)
L’Indépendance a été déclarée et le Brésil est en quête de nouvelles productions. Après les richesses minières qui se sont majoritairement taries, vient la période de la monarchie brésilienne qui marque l’avènement du café ! En temoigne le changement de nom de la première capitale de l’état du Minas Gerais (mines générales) chef d’oeuvre de l’Art Colonial, qui de Vila Rica (ville riche) devient Ouro Preto (or noir) en 1823. Le pays devient le premier producteur et exportateur de café dans le monde dès 1840. La main d’œuvre étant pratiquement est gratuite ( on compte 4 millions d’esclaves au Brésil au XIXe siècle), les bénéfices sont énormes, c’est le temps des Senzala les maisons des esclaves dans les grands domaines agricoles, les fazenda. Pour mieux comprendre cette période fondamentale de la construction de l’identité de la société brésilienne, le livre Casa Grande & Senzala (Maître et esclaves pour l’édition française) du sociologue Gilberto Freyre publié en 1933 est un incontournable. Les élites libérales commencent alors à faire pression sur la monarchie. L’esclavage sera finalement aboli par la reine en 1888, après des mouvement sociaux important comme la révolte de Dragao do Mar à Fortaleza dans l’état du Ceara, et la monarchie déchue en 1889.
Pour en apprendre davantage sur la période de l’Empire du Brésil, vous pouvez consulter la page dédiée sur Wikipedia: https://fr.wikipedia.org/wiki/Empire_du_Bresil
République du “café au lait” ( cafe com leite), 1889- 1930
A la recherche d’un nouveau développement industriel, le Brésil se tourne alors vers la production de charbon. C’est également l’époque de l’apogée du Ciclo da Borracha, la période de l’exploitation du caoutchouc venu de l’hévéa, un arbre poussant au cœur de L’Amazonie. Les fameux Barão da Boracha, maitres de Manaus, deviennent prodigieusement riches et font un temps de la capitale Amazonienne la ville la plus moderne du monde, installant réseau électrique, téléphone, eau courante et construisant même une copie de l’Opéra Garnier intégralement en matériaux importés d’Europe au coeur de la jungle, le fameux Teatro Amazonas. Le glas de cette période prospère sonne comme un couperet en 1910 avec une brusque chute des prix due à la mise sur le marché par les anglais de caoutchouc produit dans des plantations en Asie, après avoir exporté 30 ans auparavant des milliers graines en grand secret. En parallèle, la toute jeune république brésilienne se révèle extrêmement corrompue et les richesses très inégalement réparties. En réalité, ce sont surtout les industrielses du café et du lait qui se partagent le pouvoir. La classe moyenne est délaissée, des soulèvements dirigés par l’armée sont de plus en plus fréquents. Ces idées révolutionnaires et populistes gagnent peu à peu tout le pays. La République du café au lait sera renversée en 1930 par un coup d’Etat.
La République des Etats-Unis du Brésil, 1945- 1964
Getulio Vargas est , un des chefs révolutionnaires qui prend le pouvoir. Il développe une idéologie populiste, très appréciée par la classe moyenne. Considéré comme le “père des pauvres”, Getulio Vargas institue un régime dictatorial. Il subira lui-même un coup d’Etat en 1945, sans procès ni sanctions. Cette absence de punition est conditionnée à son soutien à la nouvelle république démocratique. Il accepte, et sera même Président entre 1951 et 1954.
C’est ensuite la période progressiste du président Kubitschek entre 1954 et 1961, c’est durant ses mandat qu’est construite la nouvelle capitale brésilienne, la ville de Brasilia, qui fait se tourner tous les regards vers le Brésil qui tente de se mettre en avant comme grande puissance à l’échelle mondiale. Le Brésil sera alors pointé du doigt par les Etats-Unis pour son gouvernement considéré comme trop à gauche, trop communiste. Celui-ci est en effet à l’époque intéressé par les idées socialistes et approché par les ambassadeurs de l’URSS. La grande puissance de l’Est cherche alors à s’implanter en Amérique du Sud et regarde avec avidité les immenses ressources du Brésil. La chute de la Quatrième République du Brésil, alors du régime présidée par Joao Goulart sera appuyée organisée par la CIA, et c’est un coup d’Etat militaire orchestré par le Marechal Castello Branco qui renverse la République des Etats-Unis du Brésil. La crainte d’un passage sous la coupe du régime socialiste est mise en avant et des manifestations des classes aisées ont lieu dans les grandes villes, elle servira de justification pour le putch des militaires.
Le même argument reste fort au sein de l’extrême droite brésilienne actuelle et les partisans de Bolsonaro qui contestent le terme de coup d’État (Golpe de estado) et parlent de révolution, allant jusqu’à glorifier les acteurs de cette période comme des héros patriotiques ayant sauvé le Brésil du péril Soviétique.
La dictature militaire du Brésil, 1964-1985
L’intervention militaire de 1964 qui devait être provisoire et suivie d’élection démocratique se transforme en dictature durable. Une politique extrêmement répressive est mise en place. Une nouvelle constitution Brésilienne autoritaire est mise en application le 24 janvier 1967. La mise en place de mesures extrêmes de contrôle de la population , le fameux décret AI5 en 1968 crée un nouveau tournant et fait de cette période la plus sombre de l’histoire Politique de la nation Auriverde. Plusieurs centaines de brésiliens sont déportés, emprisonnés, torturés et tués. Des projets de routes ou de barrages électriques sont menés par le gouvernement, les indiens sont obligés de fuir leurs terres.
Le début des années 1980 marquent le début d’un assouplissement du régime dictatorial brésilien. En 1985, le suffrage universel est rétabli, il permet d’élire les gouverneurs des États brésiliens et le président de la république.
La Nova Republica (1988 à nos jours): Organisation des pouvoirs législatifs exécutifs et judiciaires brésiliens
La démocratie brésilienne est donc très récente, elle n’a qu’une trentaine d’années. Le contraste et le métissage du Brésil émanent de son histoire, son évolution politique en est également un reflet.
Aujourd’hui, le système politique brésilien a adopté le principe de séparation des pouvoirs. Ce principe stipule une stricte équité entre les trois pouvoirs (le législatif, le judiciaire et l’exécutif) et confère donc à chaque entité une importance égale. Ce principe est également appliqué par les régimes parlementaires européens mais avec plus de nuance. En effet, les pouvoirs exécutifs et judiciaires doivent se référer et se soumettre au pouvoir législatif dans le cadre de la Constitution. Au Brésil, chaque pouvoir est d’importance égale, sans aucune distinction.
Le pouvoir législatif appartient au Congrès National, tandis que l’exécutif est confié au Président de la République, à la fois chef de l’Etat et chef du Gouvernement. C’est le Président qui désigne les 17 ministres qui l’assistent dans chaque prise de position et décisions. En parallèle, un Conseil de la République a le pouvoir de se prononcer sur les interventions fédérales ainsi que les questions relatives à la stabilité démocratique. Ce Conseil de la République est composé par le Vice-Président, le président de la Chambre des députés, le président du Sénat, le chef de la majorité ainsi que le chef de l’opposition de ces deux Assemblées, le ministre de la Justice ; 6 citoyens brésiliens de plus de 35 ans à raison de 2 nommés par le Président de la République, 2 élus par la Chambre des députés et 2 élus par le Sénat, pour 3 ans non renouvelables.
La Constitution de 1988 est une base solide et suprême qui attribue aux juges des pouvoirs relativement importants.
Le Tribunal Suprême Fédéral, une instance politique brésilienne capitale
Le STF (Supremo Tribunal Federal) est l’organe le plus puissant du régime politique brésilien. Créé en 1890, à l’aube de la proclamation de la République, ce tribunal s’appuie sur les dispositions de la Constitution de la République fédérative du Brésil instaurée en 1988. Indépendant et souverain, ses décisions sont incontestables et ne peuvent donner lieu à aucun recours d’aucune manière que ce soit. Constituée de 11 juges (appelés “ministres”) désignés par les présidents au pouvoir et approuvés parallèlement par le Sénat, la mission principale est donc de veiller au bon respect de la Constitution dans toutes les sphères politiques du pays.
Un horizon politique porteur d’espoir pour le Brésil
L’élection de Bolsonaro en 2018 a surpris l’opinion internationale qui s’est étonnée de voir le pays se ranger du côté de l’extrême droite. Néanmoins, rappelons que la démocratie brésilienne est en place depuis seulement une trentaine d’années, le pays est en majorité très jeune ( 40% des citoyens ont entre 18 et 34 ans ). Les votes pour Bolsonaro s’expliquent assez facilement par le rejet du PT (parti des travailleurs de Lula), alors entaché de scandales de corruption, ainsi que par le fait que la plupart de la population n’a pas connu la dictature du XXe siècle. De plus, les promesses populistes du candidat semblaient répondre parfaitement aux problématiques économiques et sociales du pays, dans un contexte de ralentissement de la croissance de ce dernier.
La gestion catastrophique de la pandémie de Covid-19 en 2020 et 2021 a beaucoup décrédibilisé le président, qui se retrouve aujourd’hui en position de faiblesse, pointé du doigt par le Tribunal Suprême Fédéral ainsi que quelques-uns de ses anciens collaborateurs.depuis le moi de mai 2021 , une commission parlementaire à été mise en place, la CPI covid 19, pour auditionner différent acteurs de cette gestion et déterminer les fautes commises. pour suivre l’actualité autour de cette comission: https://www.cnnbrasil.com.br/tudo-sobre/cpi-da-covid
La démocratie brésilienne n’a pas dit son dernier mot, les élections de 2022 pourraient se révéler surprenantes !
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Les jours fériés au Brésil : une illustration de l’histoire et de la culture du pays
On décrit souvent le Brésil comme un pays multiculturel, fort de son métissage historique, et à la vitalité fascinante. Ce dynamisme et cette force célébrative sont très bien illustrés par la multitude de jours fériés dans le pays. Noël, le Jour de l’an, Pâques, le 1er mai… toutes ces fêtes célèbres en Occident, qu’elles soient chrétiennes ou républicaines, se retrouvent au Brésil… en plus de leurs propres évènements. Le Brésil a institué au fil des siècles des célébrations nationales et régionales.
On peut aisément dire que ce calendrier a été façonné par les dimensions coloniales et religieuses de l’histoire du pays, et qu’il constitue une des richesses culturelles majeures du territoire. Un petit tour d’horizon de ces “feriados” permettra donc d’appréhender cette multi-ethnicité si particulière.
Le Brésil, un pays majoritairement chrétien
Célébrations, médias, politique, la religion est omniprésente au Brésil. A 88% chrétien et pourtant laïque, le pays en est très imprégné. Elle a toujours exercé une très grande influence dans la société brésilienne, et a donc naturellement inspiré beaucoup de festivités majeures.
Au printemps, 60 jours après Pâques, un des plus importants événements de la vie liturgique du pays est célébré sur tout le territoire. Le Corpus Christi, communément appelé “Fête-Dieu” ou encore “Saint Sacrement” commémore la mémoire du sacrifice de Jésus. D’envergure nationale, cette fête donne lieu à de nombreuses célébrations et occasionne des regroupements conséquents. Fidèles mais aussi touristes sont rassemblés lors de la procession du cortège. Cette célébration est un vrai plaisir des yeux, les fidèles sont vêtus de blanc et défilent sur des parterres de fleurs, un véritable nuancier de couleurs. Une des plus notoires est celle de Florianopolis dans le sud du Brésil qui rassemble chaque année des fidèles venus du monde entier.
Célébrée le vendredi Saint, “Paixao do Cristo” ou “La Passion du Christ”, est une reconstitution grandeur nature des derniers instants du Christ. Véritable fresque vivante, cet événement se veut spectaculaire. L’ art scénique y est très travaillé, et les moyens mis en oeuvre feraient presque pâlir les productions hollywoodiennes. La représentation de Planaltina, petite commune du centre du pays, rassemble pas moins de 1000 comédiens et plus de 200 000 spectateurs, la production porte la ville en ébullition chaque année. La scénographie se veut réaliste, les costumes, accessoires et décors sont des éléments centraux de la représentation. Du repas avec les apôtres à la crucifixion, tous les éléments sont pensés dans une optique immersive. L’entrée de Judas sur scène provoque cris, jets d’eau et indignation de la part du public, c’est une réelle ferveur qui habite le spectacle. L’effet “grandeur nature” aiguise les émotions du public, qui n’hésite donc pas à s’exprimer.
C’est un vrai divertissement populaire à la tonalité toute brésilienne. Les moyens mis en oeuvre pour la représentation varient d’une ville à l’autre mais on retrouve toujours les éléments scéniques. Les représentations se poursuivent le lendemain pour rebondir sur de petits carnavals populaires improvisés appelés “Samedi de l’Alléluia”. La joie de la résurrection se répand dans les rues jusqu’au lendemain, on en oublierait presque le jour le plus sombre de la chrétienté.
Héros et colonisation au coeur des célébrations brésiliennes
Sous l’emprise portugaise entre le XVIe et XVIIIe siècle, le Brésil est marqué par son passé colonial. Plusieurs événements nationaux illustrent l’émancipation tumultueuse du pays.
La fête de “Tiradentes” ou “arracheur de dent” se déroule le 21 avril et ouvre la voie à la semaine de l’“Inconfidencia”. Une multitude de bals populaires est organisée. Chant, danse, gastronomie, les gens se rassemblent dans les rues dans une atmosphère festive. Cette célébration est un hommage à la révolution et relate le combat de Joaquim José da Silva, un dentiste militant politique condamné à mort le 21 avril 1792 à Rio de Janeiro. Impliqué dans les premiers soulèvements indépendantistes du pays, il fût accusé de conspiration dans l’état du Minas Gerais. Il reconnaît les faits sans dénoncer ses compagnons, ce qui lui conféra un rôle de martyr, et l’érigea aux côtés des plus grands héros du pays. Plus largement célébrée dans le Minas Gerais, “Tiradentes” est une révérence à la liberté.
“L’indépendance ou la mort”. Cette phrase est restée l’un des symboles majeurs de l’émancipation brésilienne. Massivement célébrée à travers tout le territoire, “Independência do Brasil”, rassemble toutes les générations qui commémorent ensemble ce tournant historique. Teintée de fête et de danse, une parade officielle est organisée dans chaque ville, l’occasion pour les écoles de samba de défiler aux couleurs du drapeau. En réponse à une pression indépendantiste ainsi qu’à une effervescence libérale venue d’Europe, l’indépendance, déclarée par le fils du roi du Portugal, marque le début d’une nouvelle ère pour le Brésil.
L’hybridité etnique et l’histoire du pays ont également fait éclore des célébrations régionales.
Esclave, fugitif, figure de la résistance, et puis martyr, Zumbi dos Palmares a été érigé en héros national au XXe siècle et on célèbre son symbole à travers la journée du 20 novembre. Instaurée seulement depuis les années 60 le “Jour National de la Conscience Noire” (“Dia Nacional da Consciência Negra”) commémore la mémoire de Zumbi, victime de l’esclavagisme qui a gangrené le pays entre le XVIe et le XIX e siècle. Le jour n’est férié que depuis 2003, célébré dans plus de 850 villes, dont Rio, São Paulo, et donne lieu à des festivités et manifestations culturelles.
Le Brésil c’est aussi des métropoles dantesques qui ont joué un rôle dans le développement économique et culturel du pays. Rio et de São Paulo possèdent donc naturellement leurs propres feriados.
La ville de Rio de Janeiro était le carrefour principal du commerce triangulaire ce qui lui conférera le statut de capitale, pour ensuite le perdre au profit de Brasilia en 1960. La cité merveilleuse célèbre le “Dia do Sebastiao” le 20 janvier en mémoire de Saint Sébastien, un capitaine romain du IIIe siècle, figure de la chrétienté à qui l’on voue un véritable culte dans le monde entier. La fête est donc exclusivement réservée aux “cariocas”.
Le 25 janvier marque la fondation d’un collège Jésuite qui devint le coeur de l’immense Sao Paulo. Premier bâtiment de la ville, le collège sera détruit puis reconstruit pour être ensuite victime de la croissance exponentielle de la mégalopole. Il en reste aujourd’hui un mur et un jour férié donnant lieu à de nombreuses festivités urbaines.
Le calendrier brésilien est une authentique frise chronologique du pays. Il permet d’entrevoir l’immense complexité de son histoire mais également la richesse ethno-culturelle qui s’en dégage. L’année vibre au son des jours fériés, dont le peuple est l’orchestre.
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Pelé, icone du football brésilien
Même pour celles et ceux peu au fait des choses du ballon rond, il n’a pas échappé que le Brésil incarne LA nation du football, au même titre de la Nouvelle-Zélande est le pays du rugby.
Cette identification jamais démentie remonte en fait à la fin des années soixante, lorsque le Brésil devint en l’espace de quatre éditions triple vainqueur de la Coupe du Monde. Une équipe est un tout, une vingtaine de joueurs avec les remplaçants, mais un explosa particulièrement de toute son exceptionnelle classe lors de cette épopée historique : Edson Arantes do Nascimento, universellement connu sous le pseudonyme de Pelé. Nous vous proposons de découvrir un peu plus ce grand sportif dans notre rubrique actu sport au Brésil.
Les débuts du phénomène brésilien du Ballon Rond
Jusqu’à la coupe du Monde 1958 organisée en Suède, le Brésil n’était pas plus qu’un autre synonyme de ballon rond. Le monde entier jouait au football, jeu aux règles simples pouvant être comprises autant par un étudiant que par un gamin sorti d’un bidonville. Le pays n’avait jamais gagné la Coupe du Monde, et ne pouvait afficher comme maigre palmarès international que la finale de 1950, perdue à domicile face à l’Uruguay. En 1957, l’équipe nationale du Brésil – la fameuse Seleção – sélectionna le jeune Edson, un gamin d’à peine 17 ans qui se distingua de la meilleure des manières en marquant son premier but international lors de son premier match dans l’antre du fameux Maracanã à Rio. Le fait que l’adversaire ce jour-là fut l’ennemi préféré du Brésil, l’Argentine voisine, n’en eut que plus de saveur. Mais surtout le fait que ce « Pelé » tout juste sorti de son club du Santos FC représentait à lui seul tout ce qu’un joueur de football idéal pouvait proposer propulsa immédiatement le jeune homme dans l’antichambre de l’Olympe footballistique. La Suède l’année suivante allait faire le reste.
Pelé: révolution du football en coupe du monde
Blessé en début de compétition, Pelé n’entra sur le terrain qu’en quart de finale, et ne joua donc que trois matchs. Mais il marqua la bagatelle de six buts lors de ces rencontres, dont un doublé en finale contre la Suède ! La Coupe du Monde commençait à être largement médiatisée, et c’est ainsi que les Français, pourtant archi confiants en leur équipe emmenée par le brillant trio Fontaine-Kopa-Piantoni, assistèrent sidérés au festival Pelé en demi-finale qui inscrivit un triplé participant à la qualification du Brésil pour la finale.
Le monde entier découvrit lors de ces retransmissions ce joueur fin et athlétique à la fois, anticipant comme personne d’autre le jeu adverse, et osant des gestes techniques alors très peu pratiqués, comme le coup du sombrero (passer le ballon par-dessus la tête de l’adversaire pour ensuite le récupérer) ou le grand pont (passer le ballon d’un côté de l’adversaire tandis que le joueur passe de l’autre côté).
Initialement attaquant pur, Pelé va adopter le rôle valorisant d’un milieu de terrain omnipotent, celui qui sait marquer mais qui sait également faire la passe décisive au moment adéquat. En quelques petites années, il va devenir LA référence absolue du football. A tel point qu’il devint également la cible favorite des joueurs adverses, l’homme à abattre.
En 1966 lors de la Coupe du monde en Angleterre, le jeune joueur déjà auréolé de deux titres de champion (même si en 1962, il n’a pratiquement pas joué, s’étant blessé lors du match d’ouverture) va même être victime d’agressions manifestes de la part d’adversaires n’ayant pas la même classe à faire valoir. Cet état de fait peu – voire non – sanctionné par le corps arbitral de l’époque, allié à l’élimination prématurée du Brésil, apprit beaucoup au jeune joueur sur les vanités terrestres. Il se vengea quatre ans plus tard en décrochant une troisième étoile au Mexique, devenant ainsi le seul joueur à être champion du monde à trois reprises. Au jour d’aujourd’hui, il l’est toujours.
Pelé, incarnation du beau jeu « à la brésilienne »
Pelé fut aussi un joueur multi récompensé au plan national. Avec son club historique, Santos FC, il enleva par deux fois la Coupe Intercontinentale ainsi que la Copa Libertadores (1962 et 63 chacune), et le championnat de São Paulo à onze reprises (il n’y avait pas alors de championnat national au Brésil). Ajoutons en fin de carrière le championnat des Etats-Unis avec le Cosmos de New York, et on aura un tour d’horizon relativement complet des faits d’armes de ce phénomène sacré « Athlète du siècle » par le CIO et « joueur du siècle » par la FIFA. Son palmarès est certes exceptionnel, mais c’est sur autre chose que Pelé est surtout devenu – et reste – LA légende mondiale du football : il savait tout faire, et ce de la plus belle des manières.
Si l’équipe du Brésil est synonyme de « beau jeu » depuis des lustres, c’est en grande partie à Pelé qu’elle le doit : il était fin et puissant à la fois (malgré une petite taille), maître des airs et canonnier hors pair quand il le fallait, tacticien en diable et anticipateur des mouvements de l’adversaire. Le tout avec une grâce et une gestuelle artistique que personne, même les plus grands, n’ont jamais pu approcher. Pelé était unique dans son omnipotence sur le terrain et, hormis les mesquines bassesses évoquées plus haut, ceux qui durent l’affronter ne tarirent pas d’éloges à son sujet. Le défenseur italien Tarcisio Burgnich déclara à l’issue de la finale de Coupe du Monde perdue contre le Brésil en 1970 : « Avant le match, je me disais : il est en chair et en os, comme moi. J’ai ensuite compris que je m’étais trompé ».
Le roi immortel du football mondial
La star brésilienne attirait l’empathie et le rendait bien : à toutes les qualités évoquées, il faut ajouter le respect et le fairplay, que n’eurent certainement pas ceux qui en Angleterre en 1966 ne pensèrent qu’à l’éliminer du terrain. Lorsqu’il annonça sa retraite sportive en 1977 lors d’un match de gala au Giant Stadium de New York, ses coéquipiers portèrent en triomphe sur leurs épaules l’icône en larmes tout autour d’un stade en totale symbiose avec l’unicité du moment vécu. Pour tous, et pour toujours, il serait le « Roi Pelé ».
Jusqu’à la fin, il sut conserver sa vista dans le jeu et ses qualités athlétiques exceptionnelles qui le préservèrent des graves blessures. L’ONU et l’UNESCO n’hésitèrent pas une seconde à le nommer ambassadeur auprès des populations défavorisées dans les domaines de l’éducation et de l’environnement. Quant au président du Brésil démocratiquement élu Fernando Cardoso, il lui confia en 1995 le portefeuille de ministre des sports avec pour mission de réorganiser, et mettre de l’ordre dans, la maison du football brésilien (Pelé fit notamment voter une loi, après un rude combat contre les présidents de club et la Fédération Brésilienne, permettant à un joueur de jouer où bon lui semble).
Le Brésil compte nombre de joueurs qualifiés de « légendaires » dans sa riche histoire du futebol, de Garrincha à Ronaldo en passant par Zico, Socrates, Romario ou Cafu. Mais aucun n’a jamais obtenu le quart de l’aura qui cernait le personnage de Pelé. Si l’on excepte Arthur Friedenreich dans les lointaines années vingt, le milieu de terrain que le monde entier enviait fut le premier à exploser internationalement et sa gloire personnelle rejaillit sur celle de son équipe avec laquelle il acquit les trois premières des cinq étoiles mondiales que les Auriverdes arborent désormais sur leur maillot vert et jaune.
Pelé fait partie de ces météores exceptionnels qui sont à tout jamais l’incarnation de leur sport, comme Fangio le fut pour l’automobile ou Killy pour le ski. Le football mondial ne compte plus ses pépites, nombreuses, les Cruyff, Maradona, Platini, Beckenbauer, Kopa, Messi, Zidane, Best ou autres Baresi. Tous on rêve ou rêvent d’un jour de dépasser le maître et le dernier brésilien en lice, le polémique Neymar n’est pas en reste. Mais il n’y aura jamais qu’un seul roi. Pelé !