La jangada est un bateau de pêche très répandu dans le Nordeste brésilien. Cette embarcation se distingue par sa voile triangulaire et sa construction artisanale. Faite de bois et souvent très colorée, la jangada est un également un élément important de la culture nordestine. Facilement constructible, ce petit bateau est à la fois pratique et esthétique. Il apparaît au Brésil pendant la colonisation portugaise. Ses origines sont relativement floues. A cette époque, le commerce connaît une croissance exponentielle, et attire dans le pays de nombreux étrangers. Asiatiques, japonais, indiens et portugais utilisaient déjà des bateaux de pêche similaires. L’étymologie même de jangada révèle des origines hybrides. Dans le sud de l’Inde, de petits bateaux de 4 ou 5 rondins de bois étaient appelés janga ou xanga par les portugais. Le bateau deviendra jangada lorsqu’on y ajoutera deux rondins supplémentaires. Aujourd’hui majoritairement concentrées dans le nord et le nord-est du Brésil, la jangada est une véritable institution ! Ses allées et venues sont un véritable spectacle pour les yeux. Petit tour d’horizon de cette embarcation originale chargée d’histoire.
La jangada, un élément important du patrimoine brésilien
Après son introduction au Brésil pendant la période coloniale, la jangada est extrêmement répandue sur toute la côte brésilienne. Sa construction étant assez facile, ce radeau à voile connaît un large succès sur tout le continent. Initialement, il est construit avec 5 ou 6 rondins de bois assemblés par des cordages et chevilles, et supporte une voile triangulaire. Elle mesure généralement entre 3 et 10 mètres et peut transporter de 3 à 7 personnes. Deux bancs ( de bois également ) sont insérés sur le pont du bateau, l’un servant de support du mât, l’autre de siège pour le barreur. La barre est en réalité un long aviron à la traîne attaché par un simple cordage à l’arrière du bateau. Très léger, ce radeau à voile est aisément maniable et permet de naviguer avec une bonne prise de vent ce qui permet de décupler la vitesse de l’embarcation. C’est sa voile triangulaire, aussi appelée voile latine, qui permet de jouer de la force du vent en adaptant le pilotage aux pressions sur ses faces internes et externes. Les navigateurs doivent donc rester très attentifs aux fluctuations du vent !
Une escapade unique au coeur du Brésil traditionnel
Pratique mais aussi esthétique, la jangada est également un bel objet remarquable. Sa construction relève de savoirs locaux et ancestraux, transmis de génération en génération. Chacun des composants de la jangada traditionnelle est réalisé de façon artisanale. Du mât à la voile, en passant par les cordages, les sièges et même les ancres, tout est fait avec des matériaux locaux. La voile et les cordages proviennent de fibres tissées à la main à ses débuts, ils sont aujourd’hui remplacés par des fibres synthétiques plus résistantes et durables. De sa fabrication à son utilisation, la jangada est un élément fort de la culture nordestine brésilienne. Aujourd’hui on trouve des jangadas de tous types. La région du Ceara est la plus diversifiée en la matière ! Devenues de véritables attractions, on compte de nombreuses embarcations très colorées qui parsèment les immenses plages de la région nordestine. A la fois typiques et anciennes, les jangadas du Nordeste dressent un tableau enchanteur qui vaut le coup d’œil ! Certaines de ces jangadas sont très célèbres, il existe même quelques compétitions populaires.
Dans l’Etat de Bahia, le 29 juin marque la fête de Sao Pedro, ou fête des pêcheurs. En hommage à Saint Pierre, père et patron des pêcheurs, des messes et des processions maritimes rythment cette journée de célébration. Cette très belle fête est évidemment accompagnée de bals populaires accompagnés par le forro, la musique traditionnelle du Nordeste brésilien.
La jangada au coeur de l’imaginaire collectif du Nordeste brésilien
Au fil des siècles, la jangadas s’est largement imposée dans toute la région du Ceara et a marqué l’imaginaire collectif. Elle est l’origine de plusieurs exploits de navigateurs, devenus de véritables icônes. Ces hommes sont appelés les jangadeiros. Certains furent même érigés en véritables légendes. Dragão do Mar, un jangadeiro très populaire, a marqué les esprits à travers les siècles. Né dans un petit village du nordeste brésilien en 1839, Francisco José de Nascimento ( qui deviendra plus tard Dragão do Mar ), était au départ un simple marin. Il travaille d’abord sur un navire faisant la liaison entre le Ceara et le Maranhao, puis devient capitaine assigné au commerce maritime d’esclaves. Révolté et portant lui même des racines africaine, il lutta avec ferveur pour l’abolition de l’esclavage. Il est démis de ses fonctions en 1881 pour avoir fermé le port de Fortaleza afin d’empêcher un nouveau débarquement d’esclaves. En 1884, il embarqua à destination de Rio de Janeiro sur son navire Espirito Santo avec à son bord un groupe d’esclaves et sa Jangada légendaire, Liberdade. Devenue un symbole fort de la résistance dans le Ceara, Liberdade fut offerte au Musée National puis disparu mystérieusement quelques années plus tard.
Dragao do Mar est toujours une figure importante dans le Ceara, un centre culturel à Fortaleza porte aujourd’hui son nom. La jangada est donc un élément majeur de la culture nordestine, et a même pris part à l’Histoire.
Ce radeau traditionnel a par ailleurs inspiré de grands auteurs tels que Jules Verne. Dans son roman La jangada ou 800 lieues sur l’Amazone, Verne décrit une embarcation faite de rondins de bois, tellement large qu’elle peut accueillir des maisons entières. Le ton démesuré de l’auteur a lui aussi contribué à imposer la jangada dans l’imaginaire collectif nordestin.
La jangada, une expérience touristique à ne pas manquer !
Dans le nordeste brésilien, la jangada est aujourd’hui devenue une attraction touristique à part entière. Les pêcheurs du littoral s’improvisent guide touristique et embarquent les curieux pour une balade en mer. La région du Ceara a beaucoup développé ces excursions qui permettent aux voyageurs de pouvoir explorer les mystères du littoral nordestin.
Un morceau de la beauté sauvage nordestine
La région nordestine regorge de trésors naturels à couper le souffle. De sublimes étendues de plages, des villages de pêcheurs pittoresques, une nature luxuriante, ainsi qu’une faune et une flore uniques, les paysages y sont magnifiques. Une atmosphère paradisiaque règne sur cette région à la beauté sauvage, le temps s’y arrêterait presque. Les allées et venues des jangadas viennent parfaire ce tableau idyllique. Chaque matin, les pêcheurs embarquent à l’aube afin de capturer les poissons, langoustes et crevettes qui seront servis dans les typiques barracas du bord de mer à l’heure du déjeuner et du dîner. Regarder ces petits radeaux colorés fendre les vagues est un spectacle à ne pas manquer !
Un transport idéal pour explorer les côtes brésiliennes
Sur tout le littoral nordestin, les jangadas sont devenues un moyen de transport très utilisé pour les déplacements maritimes. À Maceio, elles sont utilisées pour amener les touristes admirer les piscines naturelles de Pajuçara. Les eaux transparentes laissent entrevoir de larges bancs de poissons colorés, le moment est magique ! Du côté de Pipa, une station balnéaire renversante du littoral nordestin, les balades en jangadas permettent de découvrir les nombreux dauphins qui parsèment les eaux cristallines de la côte. À Jericoacoara, la capitale du kitesurf au Brésil, les voitures et les routes sont remplacées par les jangadas et les planches. Une excursion en jangada du côté de la lagoa azul ou de la lagoa do paraiso vous permettra d’apprécier le panorama unique de cette destination emblématique.
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La forêt tropicale inconnue qui borde le littoral brésilien
La Forêt Atlantique, Mata Atlantica en portugais, est aussi ancienne que méconnue. Pourtant, sa biodiversité fait partie des plus impressionnantes du monde, ses écosystèmes abritent une faune et une flore extrêmement riches et variées. Autrefois très étendue, la Mata Atlantica actuelle n’est qu’un vestige de l’originelle, morcelée en différentes réserves. Englobant de larges portions du sud-est brésilien, la forêt s’étire sur toute la côte bahianaise jusqu’au nordeste, et est scindée en deux grandes parties. Celle du sud-est délimitée entre le Parana et le sud de São Paulo, et l’autre située sur le littoral atlantique appelée “Côte de la Découverte”. La Forêt Atlantique avoisine aujourd’hui les 600 000 hectares, ce qui est assez peu si l’on considère sa taille initiale. Elle recouvrait autrefois 15% du territoire brésilien, contre seulement 7% aujourd’hui. Cet espace naturel détruit a laissé place à plus de 3000 villes et environ 100 millions de personnes. Néanmoins, on compte certains secteurs protégés de la chasse et de l’exploitation forestière. On vous présente cette étendue de nature exceptionnelle, un trésor emblématique qui mérite d’être visité au moins une fois dans sa vie.
La Mata Atlântica, sanctuaire de la biodiversité brésilienne et mondiale !
La Forêt Atlantique est un biome possédant des environnements immensément variés. Ces écosystèmes ont développé des variétés florales et fauniques uniques, inhérentes à plusieurs types de climats. Du sub-tropical au sec selon la région et la hauteur, la Mata Atlantica est une forêt millénaire, presque magique. Le taux d’endémisme de ses nombreuses espèces est très élevé, ce qui confère à la forêt un caractère unique !
Une forêt tropicale brésilienne hybride
Le Brésil est un pays immense, à la biodiversité très intéressante. D’une superficie de presque 15 fois la France, le pays possède des espaces naturels très variés. La Forêt Atlantique s’étend sur des régions différentes, ce qui donne lieu à une végétation nuancée appartenant à des environnements typiques.
Côté sud-est, du Paraná à São Paulo, on trouve pas moins de 25 aires protégées, aussi riches qu’hybrides ! Réparties sur des zones géographiques très diverses, la variété des écosystèmes est impressionnante. Des montagnes aux plaines côtières, en passant par les îles et estuaires, les zones peuvent être sèches, humides, ou chaudes, ce qui donne lieu à une végétation luxuriante, d’une grande beauté. De larges forêts massives, des broméliacées, et des orchidées, entrecoupées de cascades et de roches saillantes composent les paysages montagneux de la forêt atlantique. Mangroves, restingas, et écosystèmes marins abondent sur les îles côtières et les estuaires littoraux. Dans la zone du sud-est, on trouve également l’un des sommets les plus élevés du Brésil, le pic de la Bandeira, avec ses 2891 mètres. Ajouté à cela, les multiples grottes (environ 300) qui jonchent les flancs montagnards. La grotte Casa de Pedra est une des plus connues pour son entrée la plus haute du monde, perchée à 215 mètres.
Sur la “Côte de la Découverte”, nommée après Pedro Cabral qui découvrit le Brésil jusqu’alors inconnu du continent européen, on compte 8 secteurs protégés. Établie entre le sud de l’Etat de Bahia et le nord de l’Etat d’Espirito Santo, la Forêt Atlantique de cette zone est particulièrement précieuse. En effet, sa biodiversité actuelle met en lumière d’anciens grands écosystèmes forestiers du continent, aujourd’hui disparus. Sa richesse biologique ainsi que sa structure évolutive sont donc des indicateurs cruciaux pour la protection de cette nature exceptionnelle. On compte 3 parcs nationaux, Descobrimento, Monte Pascoal, et Pau Brasil, ainsi que plusieurs réserves biologiques fédérales et privées.
La biodiversité de la “Côte de la Découverte” est une des plus riches du monde entier. Le taux d’endémisme de ses espèces florales et fauniques est très élevé, et c’est pour cette raison que la réserve a été classée à l’UNESCO en 1999.
Les deux zones, sud-est et côtière, sont entrecoupées par de nombreux fleuves d’importance. On trouve notamment le Rio Grande do Sul, qui serpente le long du sud-est du pays sur 1300 km, le Rio Tietê qui passe à travers São Paulo, mais aussi le Rio Jequitinhonha qui traverse les Etats de Bahia et du Minas Gerais.
Des espèces endémiques du littoral brésilien
La Mata Atlântica est composée par des écosystèmes impressionnants, parmi les plus riches du monde entier. Ses valeurs écologiques et scientifiques sont inestimables pour la survie de la planète. Le nombre d’espèces endémiques atteint des sommets, que ce soit sur la zone du sud-est ou sur la “Côte de la Découverte”.
Entre le Paraná et São Paulo, 70% de la flore, 85% des primates, et 25% des mammifères sont endémiques. On dénombre plus de 120 espèces de mammifères, parmi lesquels le jaguar, une des espèces les plus menacées. Depuis une quinzaine d’années, le nombre de jaguars a chuté de presque 80%, on ne compterait que 250 fauves aujourd’hui. Une autre espèce emblématique du sud-est, le singe araignée ou Muriqi du sud, le plus grand primate des Amériques. Les oiseaux sont aussi un élément central de cet écosystème exceptionnel, la forêt atlantique en recense plus que la forêt amazonienne, avec 800 espèces sur les 2000 que comptabilise le pays entier. Perroquets, faucons, colibris, et piverts rythment avec douceur cette étendue de nature sauvage et luxuriante.
Cette aire de la Forêt Atlantique est habitée par les restingas, un écosystème étonnant très diversifié au caractère féerique. On peut déjà observer une forêt haute composée d’arbres très variés, de parfois presque 40 mètres de haut, souvent sinueux et tordus, enguirlandés par de longues lianes. En se rapprochant des côtes, ce sont plutôt de petits arbres touffus et d’épais buissons qui tapissent l’espace. Enfin, des plantes rampantes qui viennent épouser les bancs de sable le long des plages. Le Parque Estadual Costa do Sol dans l’Etat de Sao Paulo abrite par exemple une très belle restinga qui mérite d’être visitée. Encore plus au sud, ce sont les forêts de montagne qui dominent. Nichée entre 500 et 1500 mètres d’altitude, la forêt est baignée d’une forte humidité. D’immenses montagnes se dressent au-dessus de larges vallées couvertes d’arbres, un panorama spectaculaire parfois rehaussé par un épais brouillard sur les plus hauts sommets. Ce milieu est caractérisé par une flore riche. Palmiers, bambous, broméliacées et orchidées habitent les parties les plus basses des montagnes, tandis que les hauteurs sont recouvertes de lichens et de mousses verdoyantes. Le décor est enchanteur.
La “Côte de la Découverte” n’est pas en reste. Elle concentre à elle seule 20% de la flore mondiale, dont plus de 600 espèces menacées d’extinction. Il arrive que certaines zones ne comportent pas moins de 450 sortes d’arbres sur une petite superficie. Le Pau-Brasil est une espèce emblématique, baptisée par les colons portugais, qui a finalement donné son nom au pays. Ajouté à cela, 261 espèces de mammifères, 21 marsupiaux dont 15% sont endémiques, 620 espèces d’oiseaux, 200 de reptiles, et 280 d’amphibiens. Les espèces menacées sont malheureusement très souvent des espèces endémiques, victimes du braconnage et de la chasse.
De par sa proximité avec l’océan, cette parcelle de forêt est principalement occupée par des mangroves, manguezais en portugais. Très concentrée autour des baies et des estuaires, la mangrove est un environnement essentiel pour de nombreuses espèces aquatiques. La biodiversité de cet écosystème est impressionnante, elle fait partie des environnements les plus productifs en termes de biomasse, et c’est également celui qui absorbe le plus de CO2. Une végétation dense traversée par des eaux saumâtres (mélange d’eau douce et d’eau salée), la mangrove s’apparente à une sorte de forêt les pieds dans l’eau. Elle est majoritairement composée de palétuviers, de petits arbres touffus juchés sur d’épaisses racines leur permettant de se tenir hors de l’eau. Caractéristique des zones tropicales et subtropicales, la mangrove est habitée par plusieurs sortes de crustacés, poissons, mollusques, reptiles, et insectes. 70% des mangroves brésiliennes se trouvent aujourd’hui dans des espaces protégés.
La Forêt Atlantique est ainsi une véritable mosaïque de biodiversité, aussi riche que précieuse. Sa conservation est un des enjeux écologiques majeurs du XXIe siècle.
Protection et écotourisme, au coeur de la Forêt Atlantique
Marquée par les premiers pas de la colonisation européenne, la Mata Atlantica a beaucoup souffert de l’implantation humaine. Les plantations de sucre, de café et les nombreuses bananeraies ont entamé sa destruction à partir du XVIe siècle, achevé par une urbanisation massive au XXe siècle. Elle est aujourd’hui très morcelée, et s’apparente plus à des vestiges. Un des problèmes majeurs pour sa conservation est son manque de couverture médiatique. Comparativement à sa sœur la forêt amazonienne, la Mata Atlantica est toujours très méconnue. Entre 2015 et 2016 les projets d’urbanisation se sont multipliés, la déforestation n’étant pas contrôlée par l’Etat brésilien, et les pertes se sont révélées désastreuses. Ces dernières années, plusieurs associations, dont SOS Mata Atlântica, ont rapporté une certaine baisse des chiffres de la déforestation ainsi qu’un soulèvement de l’intérêt local. Depuis 2019, un grand projet de tunnel écologique reliant le nord au sud du pays à travers la forêt est en élaboration. Baptisé “Oiapoque-Chui “ en référence aux deux villes des deux extrémités du sentier (Guyane et Uruguay), le programme est soutenu par les ministères du tourisme et de l’environnement. Ce “corridor écologique” devrait mesurer au total 8000 km, et traverser la Mata Atlantica en son cœur. Le sentier devrait permettre aux amoureux de la nature de se reconnecter avec elle grâce à une jolie “trilha” (randonnée) à travers une forêt légendaire.
Quels sont les Parcs Nationaux de la Mata Atlântica?
La Mata Atlantica est une des plus vieilles forêts du monde et possède pour cette raison un charme unique. Cette richesse de paysages en fait une des grandes attractions pour les voyageurs amateurs de randonnées et autres amoureux de la nature sauvage. Pour leur protection, la plupart des parcelles existantes aujourd’hui ont été placées sous le statut de réserves de la biodiversité en tant que Parc National. De par leurs répartitions sur un large pan de la côte du Brésil, il n’est pas rare de croiser leurs chemins lors d’un circuit de voyage au Brésil.
Retrouvez dans cette rubrique les principaux Parcs Nationaux du Brésil dont l’ensemble ou une partie de l’écosystème est constitué de Forêt Atlantique. Pour vous aider à vous retrouvez dans leurs localisation nous avons divisé cette liste en deux parties: les Parcs Nationaux localisés dans le Nordeste, la moitié partie nord du pays, et ceux localisés dans la région Sudeste, pour la partie sud du Brésil.