Les peuples indigènes au Brésil représentent un immense pan culturel et historique de ce pays/continent. Détenteurs de savoirs immémoriaux et gardiens de territoires millénaires, les indigènes au Brésil sont une identité ethnique ancestrale absolument primordiale.
Le sujet des peuples indigènes au Brésil ne cesse de créer polémique et division, la problématique principale étant la conservation de leurs territoires face à l’industrie agro-alimentaire brésilienne. La lutte des peuples indigènes est de plus en plus relayée dans les médias, et devient un terrain exploitable par les politiques. Après la catastrophe Bolsonaro, véritable bras de fer oppressif et violent à l’encontre des populations autochtones, Lula a pris le chemin opposé en créant un ministère des peuples indigènes à son élection en 2022. On compte plusieurs centaines de tribus indigènes, presque 150 dialectes et environ 1 600 000 personnes recensées comme faisant partie de ces populations primitives. Gardiens d’écosystèmes uniques et précieux, les indigènes au Brésil constituent un trésor, une arme nécessaire à la lutte contre la déforestation et à la préservation d’une culture fascinante.
La diversité des indigènes au Brésil
Il y a 20 000 ans, des populations humaines occupaient déjà des territoires spécifiques avant que les portuguais colonisent les terres où allait se former le pays du Brésil. Les théories sont variées, mais beaucoup d’entre elles soulignent le fait qu’elles seraient d’origines asiatiques. Elles seraient venues sur le continent en passant par le détroit de Bering qui reliait la Sibérie et l’Alaska pendant la période glaciaire. Elles sont dites « natives » car elles étaient présentes avant l’occupation européenne. Il est plus approprié de parler de peuples indigènes au Brésil plutôt que de peuples indigènes du Brésil car la division territoriale en pays (Brésil, Venezuela, Bolivie, etc.) ne correspond pas à l’occupation indigène de l’espace. Cette simple précision aide à saisir la grande diversité qui définit ces peuples, qui se sont développés en totale autonomie, distinctement les uns des autres.
D’après l’institut brésilien de géographie et de statistique (IBGE) un peu plus de 1 600 000 indigènes ont été recensés dans le pays en 2022. Une grande diversité ethnique qui représente près de 300 tribus différentes parlant un peu plus de 150 langues dont plus de la moitié vivent en zone urbaine et les autres en zone rurale. Ils sont présents dans tout le Brésil, mais plus particulièrement dans la Région du Nord et du Nordeste. Au total, la population indigène de nos jours représente à peine 0,5 % de la population totale brésilienne.
Les peuples sont divisés en quatre grands troncs ethniques : les Arawak, les Karin, les Macro-Jê et les Tupi (bien que tous les groupes n’entrent pas dans ces catégories). Chacun de ces peuples possède sa propre langue, son organisation sociale, culturelle, économique et politique. Sans oublier les traditions religieuses.
Daprès l’ONU Les communautés, les peuples et les nations autochtones sont ceux qui, s’appuyant sur la continuité historique des sociétés antérieures à l’invasion et à la colonisation qui s’est développée sur leurs territoires, se considèrent comme distincts des autres secteurs de la société et sont déterminés à conserver, développer et transmettre aux générations futures leurs territoires ancestraux et leur identité ethnique comme base de la continuité de leur existence en tant que peuples, conformément à leurs propres modèles culturels, institutions sociales et systèmes juridiques.
Les tribus indigènes au Brésil, des populations lentement décimées
De 1500 (date de l’arrivée des portugais) aux années 1960, la population indigène brésilienne a considérablement diminué, et de nombreux peuples se sont éteints. On déplore une perte d’environ 97%, de 3 millions la population s’est réduite à seulement 70 000. Les années 90 ont marqué une certaine recrudescence (+150%), mais c’est simplement grâce à une revendication identitaire des peuples concernés.
Les indigènes au Brésil continuent de lutter pour la justice, ils subissent encore beaucoup d’invasions sur leurs espaces de vie. Assassinats, construction de grands projets (centrales hydroélectriques, routes, voies d’eau etc.), vol des ressources et des connaissances indigènes, écotourisme, les violences sont permanentes et les persécutions séculaires.
La lutte des indigènes au Brésil, une histoire mouvementée
La lutte des indigènes pour la délimitation de leurs territoires constitue une frontière de résistance face à l’avidité capitaliste à travers l’exploitation minière, l’exploitation forestière, la monoculture, l’élevage de bétail… Ainsi, les territoires autochtones représentent l’obstacle majeur à la déforestation de l’Amazonie.
La Fondation nationale pour les peuples indigènes (FUNAI) est l’organisation officielle du Brésil. Créée en 1967, elle a pour mission de protéger et de promouvoir les droits des peuples indigènes vivant sur le territoire national. Ses actions principales sont la démarcation des terres indigènes, l’élaboration de politiques indigènes répondant aux besoins de chaque peuple et l’assistance aux peuples indigènes dans l’accès à leurs droits sociaux.
La Constitution fédérale promulguée en 1988 fut la première à inclure un chapitre sur les peuples indigènes. Elle reconnaît leurs « droits originels sur les terres qu’ils occupent traditionnellement ». Ils ne sont pas propriétaires de ces terres qui appartiennent à l’Union, mais se voient garantir l’usufruit des richesses du sol et des rivières. La diversité ethnique est reconnue, ainsi que la nécessité de la respecter. La disposition du Code civil, qui jusqu’alors considérait l’indigène comme un individu incapable qui avait besoin de la protection de l’État jusqu’à ce qu’il s’intègre au mode de vie du reste de la société, est abrogée.
L’action de la FUNAI étant controversée par les principaux concernés, l’APIB (Articulation des Peuples Indigènes du Brésil) a été plus récemment créée en 2005. Elle poursuit l’objectif de fortifier l’union des peuples indigènes, d’unifier les luttes, et de mobiliser l’ensemble des peuples contre les menaces et persécutions de leurs droits.
La création du ministère des peuples indigènes, à l’initiative de Lula, devrait contribuer à renforcer la protection de ces communautés, mais aussi à les intégrer dans la vie politique du Brésil. Affaire à suivre…
Peuples indigènes au Brésil, gardiens de l’environnement
Les peuples indigènes jouent un rôle crucial dans la préservation de l’environnement au Brésil, en raison de leurs liens puissants avec la nature et de leurs connaissances traditionnelles de la faune et de la flore. Ils vivent entre autres dans des zones d’une grande importance écologique, comme la forêt amazonienne.
Ces communautés ont une connaissance profonde des écosystèmes qui les entourent, ayant développé des relations complexes avec les plantes, les animaux et la terre depuis des milliers d’années. Elles possèdent donc des savoirs précieux sur la manière de gérer et de protéger durablement ces environnements, transmis de génération en génération.
Le chef de la tribu Yanomami, Davi Kopenawa décrit la vision du monde de son peuple : Les arbres sont comme les colonnes de soutien du ciel, la destruction de la forêt entraînera la chute du ciel et la fin de l’humanité.
Ils considèrent la nature comme un être vivant, avec lequel ils entretiennent une relation réciproque, et reconnaissent l’importance de la protéger pour les générations futures. Cette compréhension les a conduits à développer des pratiques qui privilégient la conservation et la restauration de l’environnement naturel.
En respectant la nature et en travaillant avec elle, les peuples autochtones ont montré qu’il était possible de préserver la biodiversité, de maintenir les services écosystémiques et d’atténuer les effets du changement climatique. Dans l’ensemble, leurs contributions sont essentielles au maintien du bien-être des écosystèmes brésiliens et à la lutte mondiale contre la dégradation de l’environnement.
Lors de nos voyages organisés, vous aurez la chance de découvrir la nature fascinante de l’Amazonie et de partager des moments avec des Cablocos (population rurale issue du métissage européen/indigène).
Pour approfondir le sujet lors de votre voyage au Brésil vous pouvez vous rendre au Museo do Indio à Rio, institution de préservation et de promotion du patrimoine culturel indigène. Très engagé, le musée contribue à faire connaître la grande diversité culturelle et historique des centaines de groupes indigènes brésiliens.