La politique au Brésil, une histoire mouvementée ! 

Le Brésil a vécu bien des péripéties depuis son indépendance déclarée en 1822. Depuis, plusieurs régimes, souvent extrêmes et opposés, ont façonné l’Histoire politique du pays. Monarchie, république et dictature ont rythmé avec ardeur la vie politique du peuple brésilien. Actuellement, de la même manière que les Etats-Unis, c’est une république fédérale, choisie par la population qui constitue le système politique de cet immense territoire de plus de 8 millions de km2. Afin de bien comprendre le fonctionnement politique actuel du plus grand pays d’Amérique Latine, un bref historique s’impose !

Le Congrès National à Brasilia.

Chronologie politique du Brésil 

 

Le Brésil est actuellement une république fédérale constitutionnelle (la constitution en vigueur date de 1988). On compte 26 Etats fédérés plus le district fédéral de Brasilia, la capitale actuelle. Le pays est aujourd’hui une démocratie, cependant il n’en a pas toujours été ainsi. Plusieurs régimes politiques se sont succédé, le Brésil est un pays métissé chargé d’histoire.

La carte du Brésil.

Période coloniale brésilienne, 1500- 1822

 

Le Brésil colonial a duré plus de trois siècles. Cette période a été modulée par les différentes exploitations et productions du pays. Découvert par le portugais Pedro Alvarez Cabral, le Brésil sera donc en premier lieu un espace commercial très riche. Le tout premier intérêt des portugais se porte sur le bois. Ce bois a la particularité d’être rouge, excellent pour la teinture, et sera appelé “bois de braise” ( Pau Brasil ). C’est donc ce bois qui baptisera le pays, Brésil ! Par la suite, les productions sont diversifiées et multipliées. Canne à sucre, or et diamant, ou encore esclavage ont amené le Brésil vers un développement économique exponentiel, donnant lieu à de larges inégalités. Ce n’est qu’au XIXe siècle que le règne du Portugal sur le pays devient le combat de mouvements indépendantistes qui mènent à la déclaration d’indépendance du pays en 1822.

La découverte du Brésil.

Monarchie brésilienne, 1822- 1889 (1888, abolition de l’esclavage) 

 

L’Indépendance a été déclarée et le Brésil est en quête de nouvelles productions. Après les richesses minières qui se sont majoritairement taries, vient la période de la monarchie brésilienne qui marque l’avènement du café ! En temoigne le changement de nom de la première capitale de l’état du Minas Gerais (mines générales) chef d’oeuvre de l’Art Colonial, qui de Vila Rica (ville riche) devient Ouro Preto (or noir) en 1823.  Le pays devient le premier producteur et exportateur de café dans le monde dès 1840. La main d’œuvre étant pratiquement est gratuite ( on compte 4 millions d’esclaves au Brésil au XIXe siècle), les bénéfices sont énormes, c’est le temps des Senzala les maisons des esclaves dans les grands domaines agricoles, les fazenda. Pour mieux comprendre cette période fondamentale de la construction de l’identité de la société brésilienne, le livre Casa Grande & Senzala (Maître et esclaves pour l’édition française) du sociologue Gilberto Freyre publié en 1933 est un incontournable. Les élites libérales commencent alors à faire pression sur la monarchie. L’esclavage sera finalement aboli par la reine en 1888, après des mouvement sociaux important comme la révolte de Dragao do Mar à Fortaleza dans l’état du Ceara, et la monarchie déchue en 1889.

Pour en apprendre davantage sur la période de l’Empire du Brésil, vous pouvez consulter la page dédiée sur Wikipedia:  https://fr.wikipedia.org/wiki/Empire_du_Bresil

Le livre Casa Grande e Senzala.

République du “café au lait” ( cafe com leite), 1889- 1930 

 

A la recherche d’un nouveau développement industriel, le Brésil se tourne alors vers la production de charbon. C’est également l’époque de l’apogée du Ciclo da Borracha, la période de l’exploitation du caoutchouc venu de l’hévéa, un arbre poussant au cœur de L’Amazonie. Les fameux Barão da Boracha, maitres de Manaus, deviennent prodigieusement riches et font un temps de la capitale Amazonienne la ville la plus moderne du monde, installant réseau électrique, téléphone, eau courante et construisant même une copie de l’Opéra Garnier intégralement en matériaux importés d’Europe au coeur de la jungle, le fameux Teatro Amazonas. Le glas de cette période prospère sonne comme un couperet en 1910 avec une brusque chute des prix due à la mise sur le marché par les anglais de caoutchouc produit dans des plantations en Asie, après avoir exporté 30 ans auparavant des milliers graines en grand secret. En parallèle, la toute jeune république brésilienne se révèle extrêmement corrompue et les richesses très inégalement réparties. En réalité, ce sont surtout les industrielses du café et du lait qui se partagent le pouvoir. La classe moyenne est délaissée, des soulèvements dirigés par l’armée sont de plus en plus fréquents. Ces idées révolutionnaires et populistes gagnent peu à peu tout le pays. La République du café au lait sera renversée en 1930 par un coup d’Etat.

La République des Etats-Unis du Brésil, 1945- 1964

 

Getulio Vargas est , un des chefs révolutionnaires qui prend le pouvoir. Il développe une idéologie populiste, très appréciée par la classe moyenne. Considéré comme le “père des pauvres”, Getulio Vargas institue un régime dictatorial. Il subira lui-même un coup d’Etat en 1945, sans procès ni sanctions. Cette absence de punition est conditionnée à son soutien à la nouvelle république démocratique. Il accepte, et sera même Président entre 1951 et 1954.
C’est ensuite la période progressiste du président Kubitschek entre 1954 et 1961, c’est durant ses mandat qu’est construite la nouvelle capitale brésilienne, la ville de Brasilia, qui fait se tourner tous les regards vers le Brésil qui tente de se mettre en avant comme grande puissance à l’échelle mondiale.   Le Brésil sera alors pointé du doigt par les Etats-Unis pour son gouvernement considéré comme trop à gauche, trop communiste. Celui-ci est en effet à l’époque intéressé par les idées socialistes et approché par les ambassadeurs de l’URSS. La grande puissance de l’Est cherche alors à s’implanter en Amérique du Sud et regarde avec avidité les immenses ressources du Brésil.  La chute de la Quatrième République du Brésil, alors  du régime présidée par Joao Goulart  sera appuyée organisée par la CIA, et c’est un coup d’Etat militaire orchestré par le Marechal Castello Branco  qui renverse la République des Etats-Unis du Brésil. La crainte d’un passage sous la coupe du régime socialiste est mise en avant et des manifestations des classes aisées ont lieu dans les grandes villes, elle servira de justification pour le putch des militaires.

Le même argument reste fort au sein de l’extrême droite brésilienne actuelle et les partisans de Bolsonaro qui contestent le terme de coup d’État (Golpe de estado) et parlent de révolution, allant jusqu’à glorifier les acteurs de cette période comme des héros patriotiques ayant sauvé le Brésil du péril Soviétique.

Le président Getúlio Vargas.

La dictature militaire du Brésil, 1964-1985

 

L’intervention militaire de 1964 qui devait être provisoire et suivie d’élection démocratique se transforme en dictature durable. Une politique extrêmement répressive est mise en place. Une nouvelle constitution Brésilienne autoritaire est mise en application le 24 janvier 1967. La mise en place de mesures extrêmes de contrôle de la population , le fameux décret AI5 en 1968 crée un nouveau tournant et fait de cette période la plus sombre de l’histoire Politique de la nation Auriverde. Plusieurs centaines de brésiliens sont déportés, emprisonnés, torturés et tués. Des projets de routes ou de barrages électriques sont menés par le gouvernement, les indiens sont obligés de fuir leurs terres.

 Le début des années 1980 marquent le début d’un assouplissement du régime dictatorial brésilien. En 1985, le suffrage universel est rétabli, il permet d’élire les gouverneurs des États brésiliens et le président de la république.

La dictature au Brésil.

La Nova Republica (1988 à nos jours): Organisation des pouvoirs législatifs exécutifs et judiciaires brésiliens 

 

La démocratie brésilienne est donc très récente, elle n’a qu’une trentaine d’années. Le contraste et le métissage du Brésil émanent de son histoire, son évolution politique en est également un reflet.

Aujourd’hui, le système politique brésilien a adopté le principe de séparation des pouvoirs. Ce principe stipule une stricte équité entre les trois pouvoirs (le législatif, le judiciaire et l’exécutif) et confère donc à chaque entité une importance égale. Ce principe est également appliqué par les régimes parlementaires européens mais avec plus de nuance. En effet, les pouvoirs exécutifs et judiciaires doivent se référer et se soumettre au pouvoir législatif dans le cadre de la Constitution. Au Brésil, chaque pouvoir est d’importance égale, sans aucune distinction.

 Le pouvoir législatif appartient au Congrès National, tandis que l’exécutif est confié au Président de la République, à la fois chef de l’Etat et chef du Gouvernement. C’est le Président qui désigne les 17 ministres qui l’assistent dans chaque prise de position et décisions. En parallèle, un Conseil de la République a le pouvoir de se prononcer sur les interventions fédérales ainsi que les questions relatives à la stabilité démocratique. Ce Conseil de la République est composé par le Vice-Président, le président de la Chambre des députés, le président du Sénat, le chef de la majorité ainsi que le chef de l’opposition de ces deux Assemblées, le ministre de la Justice ; 6 citoyens brésiliens de plus de 35 ans à raison de 2 nommés par le Président de la République, 2 élus par la Chambre des députés et 2 élus par le Sénat, pour 3 ans non renouvelables.

La Constitution de 1988 est une base solide et suprême qui attribue aux juges des pouvoirs relativement importants.

La Constitution au Brésil.

Le Tribunal Suprême Fédéral, une instance politique brésilienne capitale 

 

Le STF (Supremo Tribunal Federal) est l’organe le plus puissant du régime politique brésilien. Créé en 1890, à l’aube de la proclamation de la République, ce tribunal s’appuie sur les dispositions de la Constitution de la République fédérative du Brésil instaurée en 1988. Indépendant et souverain, ses décisions sont incontestables et ne peuvent donner lieu à aucun recours d’aucune manière que ce soit. Constituée de 11 juges (appelés “ministres”) désignés par les présidents au pouvoir et approuvés parallèlement par le Sénat, la mission principale est donc de veiller au bon respect de la Constitution dans toutes les sphères politiques du pays.

Le Tribunal Suprême Fédéral.

Un horizon politique porteur d’espoir pour le Brésil  

 

L’élection de Bolsonaro en 2018 a surpris l’opinion internationale qui s’est étonnée de voir le pays se ranger du côté de l’extrême droite. Néanmoins, rappelons que la démocratie brésilienne est en place depuis seulement une trentaine d’années, le pays est en majorité très jeune ( 40% des citoyens ont entre 18 et 34 ans ). Les votes pour Bolsonaro s’expliquent assez facilement par le rejet du PT (parti des travailleurs de Lula), alors entaché de scandales de corruption, ainsi que par le fait que la plupart de la population n’a pas connu la dictature du XXe siècle. De plus, les promesses populistes du candidat semblaient répondre parfaitement aux problématiques économiques et sociales du pays, dans un contexte de ralentissement de la croissance de ce dernier.

La gestion catastrophique de la pandémie de Covid-19 en 2020 et 2021 a beaucoup décrédibilisé le président, qui se retrouve aujourd’hui en position de faiblesse, pointé du doigt par le Tribunal Suprême Fédéral ainsi que quelques-uns de ses anciens collaborateurs.depuis le moi de mai 2021 , une commission parlementaire à été mise en place, la CPI covid 19, pour auditionner différent acteurs de cette gestion et déterminer les fautes commises. pour suivre l’actualité autour de cette comission: https://www.cnnbrasil.com.br/tudo-sobre/cpi-da-covid

La démocratie brésilienne n’a pas dit son dernier mot, les élections de 2022 pourraient se révéler surprenantes !

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