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L’Amazonie brûle

Incendie en Amazonie Brésilienne.

 

Incendie
dans la forêt amazonienne :
catastrophe environnementale
&
divisions politiques

Depuis que la fumée a été détectée par les satellites de la NASA et de la NOAA en ce mois d’août  2019, les médias couvrent l’incendie de la forêt amazonienne. L’Institut National de Recherche spatiale (INPE), qui relève du Ministère Brésilien des Sciences, a annoncé une augmentation de 84% des incendies dans la forêt amazonienne par rapport à la même période en 2017.
On est passés de presque 40000 incendies dans la forêt amazonienne en 2018 à plus 70000 depuis  début 2019. Cette semaine ( 23/08/2019), les incendies étaient si étendus que la fumée a atteint la ville de São Paulo, la métropole brésilienne située à plus de 2700 km des foyers qui consument avidement la jungle tropicale.

Il est à noter que les analystes ont tous fait le lien entre cette catastrophe et les divisions géopolitiques internationales qui concernent le sort de l’Amazonie.

La forêt amazonienne : tour d’horizon

 

Apparue il y a plus de 50 millions d’années, la forêt amazonienne est l’un des environnements les plus riches en biodiversité de la planète et abrite 20% des espèces animales connues dans le monde. L’Amazonie est souvent désignée comme le « poumon de la planète ». Cette forêt tropicale humide qui borde le Brésil, le Pérou, la Colombie, le Venezuela, l’Équateur, la Bolivie, la Guyana, le Suriname et la Guyane française, produit près de 20% de l’oxygène du monde.

Toujours dans la forêt amazonienne, on trouve plus de 1500 espèces d’oiseaux et environ 2,5 millions d’espèces d’insectes. Sans parler des plus de 5000 variétés de poissons qui nagent dans ses rivières et «Igarapés». Des centaines de médicaments sont dérivés directement de plantes qui poussent dans la forêt amazonienne. La recherche pharmaceutique actuelle suggère de plus que de nombreux autres remèdes aux propriétés anticancéreuses supposées n’ont pas encore été découvert.

La forêt amazonienne abrite également des tribus indigènes qui, au fil des années, ont maintenu leurs traditions et leurs coutumes, en dépit des pressions pour s’assimiler à la société moderne. Ces tribus possèdent des connaissances inestimables en matière de survie en forêt comme de plantes médicinales et ont perfectionné de nombreuses compétences notamment vis à vis de l’entretien de la forêt Amazonienne. En outre, beaucoup n’ont pas de contacts avec le monde extérieur et parlent leur propre langue, il reste environ 20 tribus non contactées par le monde moderne. Les incendies dans la forêt amazonienne sont une menace pour ces autochtones qui vivent en marge de notre société.

Les désaccords politiques autour des incendies dans la forêt amazonienne

 

Comme indiqué dans le paragraphe précédent, la forêt amazonienne est vitale pour la vie sur Terre. Sa taille diminue à un rythme alarmant pour laisser place principalement à l’exploitation forestière et à l’élevage du bétail, qui contribuent à fournir une grande partie des exportations brésiliennes. On dit que l’Amazonie perd une zone de la taille d’ un terrain de football  à chaque minute. Une des techniques utilisées pour dégager chaque année les zones de forêt tropicale consiste à y mettre le feu.

Malgré les efforts mondiaux pour lutter contre la déforestation, le sort de l’Amazonie reste un sujet de discorde pour les Brésiliens, les politiciens au Brésil et dans le monde, les ONG et les entreprises.
Ce n’est un secret pour personne que la déforestation est une activité lucrative et de nombreuses personnes et organisations dont l’actuel gouvernement brésilien y voient un moyen simple et bon marché de relancer l’ économie affaiblie du Brésil. On peut dire que l’acte de déforestation en lui-même (qu’il soit légal ou non) est maintenant une véritable opération à la fois immobilière et économique en Amazonie brésilienne. Les terres sont revendiquées, défrichées et vendues à un prix élevé aux riches éleveurs bovins et bûcherons.

Plus tôt ce mois-ci, Ricardo Galvao, l’ancien responsable de l’INPE, a indiqué qu’un désaccord avec Bolsonaro avait causé son licenciement. La divulgation des  données produites par l’INPE indiquant une forte augmentation de la déforestation cette année (depuis l’entrée en fonction de Bolsonaro), a généré un différend portant sur la véracité des faits. Galvao a été accusé d’avoir utilisé ces données soit disant erronées pour ternir délibérément la réputation du président brésilien et de son gouvernement. Le ministre brésilien de l’Environnement, Ricardo Salles, a relayé cette accusation, affirmant que le rapport nuisait à la réputation internationale du Brésil. Par ailleurs, le gouvernement brésilien de M. Bolsonaro a été accusé d’ assouplir les amendes, les avertissements et la saisie de matériel de déforestation illégal.

Ces mesures ayant à leur tour contribuées à une augmentation importante de la déforestation, aboutissant aux multiples incendies de la forêt amazonienne depuis début août  2019.
Dans une récente intervention sur Facebook  « en direct », M. Bolsonaro a répondu à ces critiques en suggérant que des ONG pourraient être à l’origine des incendies afin de salir sa réputation. Des organismes internationaux tels que le WWF ont clairement indiqué que les incendies étaient très probablement dues à une déforestation accrue, qu’ils aient été démarrées délibérément ou non et qu’il n’y a pas eu de changement significatif du climat régional pour déclencher une telle série d’incendies naturellement.

Les gouvernements européens ont eux aussi réagi et le président français M. Macron a annoncé publiquement le 23 juillet 2019 que la France se retirerait du projet d’accord de libre-échange entre l’Europe et le Mercosur si le gouvernement de M. Bolsonaro n’intervenait pas pour stopper la catastrophe que représentent ces incendies Amazonien.

En conclusion, M. Bolsonaro est  favorable à l’exploitation de la forêt amazonienne – qu’il considère comme un patrimoine du seul peuple brésilien –  pour stimuler  le développement et la relance de l’économie brésilienne mais ce n’est pas du goût du reste du monde qui voit dans l’Amazonie un enjeu écologique mondial qui transcende les souverainetés nationales.

Les experts en environnement disent que ces politiques Brésiliennes de développement économique de l’Amazonie ont un impact négatif sur l’écosystème mondial avec pour preuve une augmentation alarmante de la déforestation. Cette dernière entraînant les actuels incendies de la forêt amazonienne qui sont au cœur des préoccupations de la communauté internationale en plein débat sur la crise climatique à l’échelle mondiale.