Neymar, une star en quête de reconnaissance ?

Adulé par le peuple brésilien, Neymar da Silva Santos Júnior, « o Menino Neymar » comme le surnomma jadis l’incontournable commentateur Galvão Bueno, semble appelé à prendre toute sa place dans le panthéon auriverde aux côtés des légendes Pelé, Garrincha, Romario, Ronaldo ou autre Ronaldinho.

Sa qualité de jeu, que ce soit dans le dribble, la passe décisive ou la conclusion au fond des filets n’est plus à démontrer : il a gagné les titres les plus enviés en club et a été promu pour un temps capitaine de la Seleção brésilienne. Mais le joueur de 26 ans marque encore le pas par rapport à son ascendant le plus célèbre : à son âge, le roi Pelé comptait déjà deux Coupes du Monde à son palmarès.

En plein Mondial 2018, retour sur la carrière de ce jeune prodige du football brésilien.

Neymar, 2 rendez-vous manqués en Coupe du Monde FIFA

 

Lors de l’édition 2010, le sélectionneur Dunga n’avait pas daigné retenir le jeune attaquant qui brillait avec son club Santos, notamment dans la Coupe du Brésil qu’il termina meilleur buteur avec 11 buts. En 2014, Neymar était bien présent en sélection mais se blessa gravement, et ne participa donc pas au tristement célèbre Allemagne-Brésil dans le stade enfiévré de Mineirão. Si on veut voir le verre à moitié plein, on pourra dire que dans les deux occasions, Neymar n’a bien évidemment rien à se reprocher quant à ces deux défaites en demi-finales. Mieux : il pourra arguer jusqu’à la fin de sa vie qu’il n’eut pas à subir sur la pelouse devant plus de 80000 personnes, sans compter les millions de téléspectateurs brésiliens anéantis devant leur écran, l’infamie de ce 7-1 encaissé par une équipe ayant perdu tout repère élémentaire de tactique de jeu.

Mais le verre à moitié vide fait ressortir que ce sont là deux belles occasions manquées pour le footballeur de Mogi das Cruzes, où il est né en 1992. Et surtout poser la question qui restera éternellement sans réponse : Neymar et son génie footballistique aurait-il pu changer le cours de l’histoire si ?…

Trop facile, et en même temps trop difficile de répondre à ce genre de discussion de comptoir. En 2010, le petit prodige était encore bien jeune et manquait certainement d’expérience au niveau international. En 2014, il aurait peut-être pu galvaniser son équipe déjà marquée par le forfait de son capitaine Thiago Silva. Ce qui est sûr, c’est que sa fracture d’une vertèbre lombaire lors du quart de finale contre la Colombie fut un coup très rude pour une Seleção de médiocre facture déjà peu à son aise dans ce Mondial 2014, et qui ne sut éviter ce score humiliant.

C’est à ce moment que beaucoup de voix, et non des moindres, conseillèrent à Neymar d’aller se perfectionner en Europe où les clubs de prestige se battaient pour le recruter.

Neymar Jr sur le terrain FC Barcelona

 2013 – 2014: les premier pas de Neymar au coté de Messi au FC Barcelona

 

Dès ses débuts professionnels en 2009 au Santos Futebol Clube (celui-là même qui avait accueilli le débutant Pelé cinquante-trois ans plus tôt – un signe ?), Neymar jurait qu’il ne céderait pas aux sirènes venues de l’Europe et resterait fidèle à son club de formation. Belles phrases pleines de bonté de la part d’un jeune reconnaissant, mais dénuées de tout pragmatisme nécessaire à une progression internationale. Son agent se contentait, lui, d’approuver son poulain en souriant gentiment, tout en ajoutant que les chances de celui qui aspirait à devenir le meilleur joueur du monde étaient « nulles au Brésil ». Le message était clair : Segue para frente ! (Va de l’avant !).

Le FC Santos avait déjà par deux fois réussi à repousser les attaques de West Ham et de Chelsea, deux clubs prestigieux de la Premier Ligue anglaise, mais ses dirigeants savaient pertinemment que ces victoires à la Pyrrhus ne faisaient que reculer l’échéance fatale. De fait, le club dut lâcher en 2013 son petit trésor qui partit vers la vieille Europe, vers la capitale catalane espagnole Barcelone précisément pour y rejoindre son idole Lionel Messi, tôlier depuis près de dix ans au célèbre FC Barcelone. Celui qui arrivait avec dans ses bagages trois titres de champion avec son club, et trois victoires dans la coupe du Brésil, la Copa Libertadores et la Recopa Sudamericana avait pourtant, à vingt-et-un ans, tout à apprendre du grand monde !

La toute première réalité pour le gamin brésilien fut d’évoluer dans un championnat de haute volée bien différent de ce qu’il avait connu au Brésil, aux côtés d’un Messi dont il avait punaisé des posters dans sa chambre de gamin. Lors de son tout premier match en blaugrana (couleurs bleu et grenat du maillot du Barça), le jeune joueur attentionné délivra une passe décisive à son dieu vivant qui envoya le ballon dans les cages adverses. Quelques jours plus tard, c’était à son tour de loger la balle au fond des filets.

La machine était lancée : Neymar devint rapidement la coqueluche du Camp Nou (stade officiel de l’équipe) et ses performances en Liga BBVA (le championnat espagnol de football), puis en Ligue des Champions en firent le digne successeur de Messi. Messi qu’il devra même – honneur suprême – remplacer quelques mois plus tard (suite à une blessure de l’Argentin) lors d’un match d’anthologie contre Glasgow où l’équipe espagnole écrasera les Ecossais 6-1, accompagnée par un public extatique qui chantait le nom du prodige brésilien ! Blessé à son tour, il fut un peu moins performant dans la deuxième partie de sa première saison espagnole, saison qui ne lui apporta rien en terme de titres mais certainement beaucoup au niveau de cette fameuse expérience qu’il était venu chercher en Europe et pour laquelle il avait du, comme tant d’autres, quitter son Brésil chéri. La récompense suprême allait arriver l’année suivante.

2015 – 2017: Consécration et doute pour la nouvelle star brésilienne du ballon rond

 

2015 va être sans conteste une année de rêve pour Neymar. Rêve et consolation, pourrions-nous dire. Car il le fallait, après cette saison 2013-2014 mi-figue mi-raisin au Barça et surtout ce début d’été épouvantable avec cette fracture aux lombaires et la déroute de son équipe nationale au Mondial en juin. Le numéro 10 brésilien prit définitivement ses marques dans cette équipe dont il appréciait le haut niveau de professionnalisme et qui allait laminer tous ses adversaires : champion d’Espagne, vainqueur de la Coupe du Roi et de la Super coupe d’Espagne, mais surtout vainqueur de la prestigieuse Ligue des Champions face à la Juventus de Turin, après avoir sorti le Bayern de Munich en demie et le Paris Saint-Germain en quart (tiens, tiens !). Il termina en outre la saison avec un score phénoménal de 39 buts marqués.

Seule tâche sombre à cette année idyllique : la Copa America où, face à la Colombie et au marquage plus que limite de ses joueurs, le jeune Brésilien se fit justice en tirant intentionnellement dans le dos d’un défenseur et fut, de fait, expulsé pour le reste de la compétition.

Neymar est définitivement devenu une référence mondiale en matière de beau jeu et de technicité. C’est un attaquant et un passeur hors-norme et son extraordinaire faculté à éliminer ses adversaires pour aller droit au but le fait le comparer à ses glorieux aînés, Ronaldinho et surtout Pelé. Son nouveau titre de champion d’Espagne en 2016 ne fait que conforter cet état de fait, et pourtant, le doute s’installe : le Barça perd son titre de champion d’Europe et surtout, l’année 2017 reste vierge de tout titre majeur.

Le temps de la gamberge revient alors pour Neymar. Et le chant des sirènes se fait à nouveau entendre. Et quelles sirènes : celles du club du Paris Saint-Germain et de ses dirigeants qatariens qui supportent de moins en moins cette idée saugrenue de se payer au prix le plus extravagant un des meilleurs clubs d’Europe, et de rester toujours bloqué à la porte des demi-finales de la Ligue des Champions ! Dans leur esprit, Neymar devrait leur permettre de trouver ce que le fantasque, mais ultra talentueux, Suédois Ibrahimovic n’a pas réussi à leur procurer : la clé magique qui mène à la finale de l’Europe.

portrait Neymar maillot PSG

FC Barcelone/Paris Saint Germain: Le transfert du siècle

 

L’affaire va défrayer la chronique, et pas seulement que sportive : le phénoménal montant du transfert du joueur depuis le Barça vers le PSG (222 millions d’euros, un record !) remontera jusque dans les couloirs ministériels, notamment ceux de l’économie et des finances. Histoire de s’assurer que tout sera fait dans les règles et que personne ne viendra chercher des poux dans la tête de la nouvelle star parisienne. Si les fans sont ravis de l’arrivée d’un des plus grands joueur du monde, certains observateurs tordent un peu le nez : l’argent est, certes, un puissant moteur, mais comment un tel compétiteur a-t-il raisonnablement pu quitter un des plus grands clubs européens au palmarès et à l’expérience si riche pour rejoindre un club de « moyen de gamme » au niveau européen et évoluer dans un championnat bien moins reluisant que celui qui se déroule de l’autre côté des Pyrénées ?

Nous ne sommes qu’à quelques mois en aval de cette arrivée médiatique, mais déjà certaines questions se posent et certaines certitudes semblent se fissurer. Le PSG a remporté la Coupe de la Ligue 2018 et récupérer son titre de champion de France à quelques journées de la fin du championnat. Mais, comme lors des éditions précédentes, la campagne européenne s’est piteusement arrêtée de façon prématurée : en huitième de finale cette fois-ci face au Real de Madrid, autre club espagnol emblématique, avec un Neymar bizarrement peu concerné par les débats pendant le match aller, et carrément absent du terrain lors du match retour pour cause de blessure à la cheville dans un match de championnat, blessure nécessitant un retour sanitaire au Brésil pour y être opéré et observer une convalescence de deux mois… au moins. Il apparait désormais aux yeux de certains observateurs que ce transfert a du plomb dans l’aile et d’aucuns parlent déjà d’un voyage de retour vers l’Espagne, probablement vers le Real Madrid.

De façon paradoxale, le joueur le plus talentueux et le mieux payé du monde peine à trouver son bonheur suprême sur les pelouses européennes, bonheur pourtant largement savouré au sein d’une équipe de Barcelone qu’il a peut-être quittée sans une réflexion approfondie. Mais cette blessure n’impacte pas seulement son avenir proche en France.

Neymar joue selection coupe du monde

FIFA WORLD CUP 2018 : Un démarrage en douceur

 

 La Coupe du Monde 2018 en Russie bat son plein, et le jeune numéro 10 a du mal à prendre ses marques au sein d’une Seleção qui rêve ardemment de laver l’affront de 2014.

Cependant, au vu des excellents résultats dans les matchs de préparation et des 3 premiers matchs contre la Suisse (1 – 1), le Costa Rica (2-0)  et la Serbie (2-0) où le jeu va en s’améliorant, le Graal de « L’hexa » se profile peut-être à l’horizon. L’équipe du Brésil peut donc envisager d’aller une nouvelle fois au bout du chemin, emmenée par un quartet de choc formé par P. Coutinho, G.Jesus, William et Neymar qui ont tous soif de reconnaissance pour inscrire enfin leurs noms dans les tablettes mondiales.

Alors , comme Pelé, comme Garrincha, comme Romario, comme Ronaldo, comme Ronaldinho… Neymar va t-il enfin entrer définitivement dans la légende du football brésilien?

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