Ce n’est un secret pour personne, et personne – de sensé – n’ira le contester : la forêt amazonienne perd chaque année plusieurs milliers de kilomètres carrés de sa superficie ! La faute à une activité humaine toujours plus menaçante envers les écosystèmes fragiles de notre monde. Au Brésil, avec les différents intérêts politico-financiers mis en jeu, cette agitation frénétique des hommes prend des proportions hors-normes.
Doit-on le rappeler ? La Forêt amazonienne, celle qui est communément appelée le « poumon de le terre », est la plus grande forêt tropicale au monde et représente la moitié de la superficie totale de toutes les forêts tropicales. Elle est donc absolument vitale pour la survie de la planète. Comme toutes les grandes surfaces arborées, elle concourt avec les océans à l’équilibre sanitaire et climatique du globe. Il est donc inimaginable de devoir s’en passer, même en partie, et c’est pourtant ce vers quoi l’on tend depuis plus de quarante ans.
Bien évidemment, les polémiques sur les causes et les responsabilités sont nombreuses, et les solutions bien loin d’être définitivement trouvées. Surtout dès que d’immenses profits se profilent à l’horizon de la cime des arbres.
Le rempart brisé
Si le Brésil est en première ligne dans ce problème de déforestation qui date du tout début des années soixante-dix, c’est tout simplement parce qu’il abrite sur son territoire plus des deux tiers de l’Amazonie, autre nom de la forêt amazonienne. Estimée à 5 500 000 km2, soit 10 fois la France, celle-ci aurait perdu 18% de sa superficie originelle depuis 1970 ! Et ce, essentiellement à cause de l’activité humaine. Avant les années cinquante, la forêt était une sorte de rempart à l’invasion de la modernité des hommes. Puis des autoroutes furent creusées au travers sa densité pour permettre la progression vers de nouveaux terrains à conquérir, et la création de l’autoroute Transamazonienne en 1972 accéléra définitivement le processus de déforestation.
Ces nouvelles artères amènent des colons venant profiter de toutes les richesse naturelles qu’offre un si vaste territoire à peine défriché : caoutchouc, minerais, installation d’immenses propriétés basées sur l’élevage bovin, barrages hydro-électriques, culture intensive du soja dont le Brésil est un des premiers exportateurs mondiaux, de l’huile de palme, tout ceci concourt, hélas, à la disparition annuelle de millions d’arbres. L’élevage bovin est particulièrement pointé du doigt, étant responsable à lui seul d’environ 80% de la déforestation, ce qui reporté à l’échelle mondiale représente une part de 14 % ! La raison de cet engouement pour les bêtes à cornes est que le marché est extrêmement rentable, ne demandant que peu d’investissement en matière de labeur, comparé à d’autres activités, en regard d’un retour plus qu’intéressant. Sans parler du statut social que procure le fait d’être grand éleveur au Brésil !
Le marché du soja, à destination des carburants ou de la nourriture animale, est lui aussi très florissant depuis des décennies et participe grandement à la déforestation. Devant une situation plus qu’alarmante, un « moratoire du soja » fut signé en 2006 par plusieurs entreprises qui refusèrent de s’approvisionner chez des fournisseurs installés dans des zones nouvellement déboisées. Ce qui amena la production du soja à se déplacer vers d’autres contrées nouvelles, dont seulement 1% était pris sur la forêt (contre 30 % avant).
Outre les problèmes liés aux diverses productions agricoles ou à l’installation d’infrastructures pourtant productrices de progrès comme les barrages hydro-électriques, un autre aspect de la déforestation touche tout simplement à l’humain le plus pur : les peuplades primitives qui vivaient depuis des siècles dans cette forêt sans avoir jamais vu d’occidentaux de leur vie, virent soudain leurs territoires menacés par un envahisseur inconnu. Le plus emblématiques de leurs représentants, le chef Raoni de la tribu Metuktire, fut en 1978 mondialement médiatisé par le documentaire tourné sur la déforestation, documentaire qui récolta une nomination aux Oscars d’Hollywood.
Un taux de déforestation diversement commenté
Initiée au début des années soixante-dix, la déforestation de l’Amazonie au Brésil a grimpé en flèche dans la période 1991-2003. En 1996, il fut établi que le taux de déforestation avait augmenté de 34% depuis quatre ans. Dans la première moitié des années 2000, il était supérieur de 18% à ce qu’il était cinq ans auparavant ! Selon l’INPE (Instituto Nacional de Pesquisas Espaciais, ou Institut National pour la Recherche Spatiale) en 2005, la partie brésilienne de la forêt amazonienne serait passée de 4,1 millions de km² à 3,4 millions de km² en 35 ans. Soit un territoire grand comme l’Espagne !
Des mesures furent ouvertement prises pour remédier à cet état de fait. En 2015, Dilma Roussef affirmait aux Nations Unies que le Brésil était parvenu à abaisser le taux de déforestation de sa forêt de 82% et qu’il se fixait comme but d’éradiquer totalement d’ici 15 ans la déforestation illégale. Des organisations non gouvernementales ont, elles, pointé du doigt le fait que le gouvernement brésilien avait au contraire renoncé aux amendes contre la déforestation illégale et n’envisageait pas un arrêt complet de la déforestation avant 2030. Le fait est là : entre 2015 et 2016, près de 8000 km2 furent encore été rayés de la carte ! Comme souvent, il est bien difficile aux politiques de concilier les belles paroles à destination des organisations écologiques et les promesses aux entrepreneurs et industriels toujours plus enclins à tirer profit de mannes qu’on leur fait miroiter.
Quoi qu’il en soit, le Brésil, comme ses voisins sud-américains se partageant l’immensité amazonienne, se doit d’agir, et manière forte. Il s’est engagé auprès des instances mondiales à assurer toute sa part dans la lutte contre le réchauffement climatique et pour la survie de la planète. La sauvegarde de la forêt amazonienne joue évidemment un rôle majeur dans ce combat.