L’empire Globo

Grupo Globo est LE géant incontournable de la communication au Brésil, et plus généralement en Amérique du Sud. Il gère des organes de presse écrite et audiovisuelle, à l’instar de la célèbre chaîne de télévision Rede Globo. Il touche toutes les couches de la société brésilienne, ainsi que l’avait voulu à l’origine son créateur.

A Rio de Janeiro au début du siècle, il n’existait pas de journal du soir. Le journaliste carioca Irineu Marinho combla cette lacune en fondant A noite en 1911, qui eut un tel succès qu’il décida quelques années plus tard de s’attaquer au marché des journaux du matin où régnaient les titres déjà bien implantés comme Correio da Manhã, la Gazeta de Notícias ou encore le Jornal do Brasil. C’est ainsi que parut le 29 juillet 1925 le quotidien O Globo (Le Globe), sensé élargir son public vers les couches populaires de la capitale brésilienne (Rio serait supplantée dans ce rôle par Brasilia en 1960). Irineu Marinho mourut très peu de temps après et son fils Roberto, âgé alors d’une vingtaine d’années, reprit le flambeau. C’est lui qui va faire passer le groupe Globo au niveau national, puis international.

Un média au service de la dictature

Dès la fin de la seconde guerre mondiale, Roberto Marinho comprend le pouvoir des ondes radiophoniques et décide de faire entrer le groupe Globo dans l’ère moderne : il crée en 1944 Radio Globo, une radio commerciale basée à Rio. Conscient du pouvoir grandissant des magazines dits « populaires », il fonde en 1952 la maison d’édition et de presse, Editora Globo. Le grand pas décisif est franchi en 1965 avec la création de la chaine de télévision Rede Globo de Televisão, devenue Rede Globo puis TV Globo, dont le but est d’offrir du divertissement à bon compte au public le plus large. La position dominante du groupe et de sa télévision dans le Brésil des années soixante, puis soixante-dix, va l’amener à être considéré comme le média propagandiste de la dictature militaire de l’époque. Certains affirmèrent même que Rede Globo avait été créée par les militaires !

Fervent catholique, Roberto Marinho se proclamait apolitique, mais affichait tout de même ouvertement sa ferme opposition aux thèses « gauchistes » de la Théologie de la Libération, prônée entre autres par le cardinal de Recife, Helder Camara. Il n’en demeure pas moins que la chaîne, et le groupe tout entier, fut dès sa création cataloguée comme un média conservateur, au même titre que le Fox News de Rupert Murdoch aux Etats-Unis ou le Fininvest italien de Silvio Berlusconi. Comme ses deux confrères suscités, Marinho devint au fil des ans un des « tycoons » les plus riches et les plus puissants du monde. En 2012, Rede Globo était classé comme le deuxième plus important réseau de télévision au monde, derrière l’américain ABC.

Toute-puissance audiovisuelle

Entièrement financée par la publicité, TV Globo est la première chaîne privée du Brésil, devant ses concurrents directs comme Record TV ou SBT, et loin devant le réseau public TV Cultura. Le réseau de Rede Globo s’appuie sur les cinq grandes stations régionales de Rio, São Paulo, Olinda, Belo Horizonte et Brasilia, auxquelles il faut ajouter une centaine de stations plus petites dépendant du grand groupe.

Le système économique de Rede Globo est basé sur une autarcie quasi-totale : le groupe produit tout ce qu’il diffuse, à l’exception des événements sportifs. Même là, il est tellement puissant qu’il peut, s’appuyant en cela sur ce qui se pratique depuis longtemps aux Etats-Unis, décider de l’horaire du coup d’envoi d’un match de football en fonction de certains impératifs publicitaires ! En matière de programmes, TV Globo est connue pour ses soap-operas, ses « telenovelas », qui passionnent non seulement les Brésiliens, mais également des millions de téléspectateurs de par le monde. La chaîne est d’ailleurs disponible par câble dans tous la plupart des pays des autres continents. En France, on peut l’obtenir sur la Freebox.

Outre les novelas dont la liste serait bien trop longue à établir tellement la chaîne a produit depuis des décennies, les émissions de divertissement occupent une grande partie de la grille, comme Domingão do Faustão, émission culte du dimanche après-midi, ou encore Programa do Jô, animée par l’humoriste Jô Soares. L’information a naturellement toute sa place sur TV Globo grâce à des émissions-phares comme Jornal Nacional, Jornal Hoje ou Globo Repórter.

En 1991, Marinho fit entrer son groupe dans l’ère globale en lançant Globosat, devenant ainsi le plus gros diffuseur en Amérique Latine avec 30 chaînes payantes par abonnement, véritables vitrines médiatiques de la puissance du géant brésilien. Bien que controversé, Roberto Marinho fut un personnage incontournable de l’histoire moderne de son pays (l’aéroport international de Rio-Jacarepaguá porte désormais son nom). Sa mort en 2003 a porté à la présidence du groupe son fils aîné, Roberto Irineu Marinho.

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