La danse qui libère les esclaves

Par Léa Schoeny      .      7 août 2017

 

 

Au-delà d’une danse, un véritable art martial

Pratiquée aujourd’hui comme un sport ludique, la capoeira a tout d’abord été créée dans une perspective de défense/d’échappatoire. Cet art martial tire ses racines des méthodes de combat et de danse africaine pratiquées par les esclaves noirs. Venus principalement d’Angola et du Congo, ces derniers ont été contraints de partir au Brésil lors de sa colonisation par les Portugais au 16ème siècle.

Représentation esclaves dansant la capoeira

Au rythme des percussions aux sonorités afro-brésiliennes, les hommes se déplacent, apprennent des techniques de frappe et d’esquive sous le regard méfiant de leurs surveillants. Percevant d’un mauvais œil ces entrainements, ils interdisent rapidement la pratique de cette technique de combat. Les esclaves tentent alors de déguiser leurs entrainements à travers une danse rythmée au son des berimbau – instruments traditionnels – et des chants.

Au cours de l’histoire du Brésil, la capoeira a longtemps été mal vue par l’autorité, considérée même comme un délit. Cet art martial sera pourtant toujours pratiqué en cachette, jusqu’au début du 20ème siècle où il se démocratisera et trouvera même sa place au sein de la culture brésilienne. C’est notamment grâce à Mestre Bimba – Manuel dos Reis Machado – que la capoeira deviendra une des activités sportives les plus pratiquées au Brésil. En 1930 il fonde la première école de capoeira à Salvador de Bahia et transforme alors ce sport de rue, perçu comme une pratique de bandits, en un véritable art soumis à des codes d’apprentissage.

 

Une danse autour de laquelle les brésiliens se retrouvent aujourd’hui pour faire la fête

Au cours d’une balade dans les rues du Brésil, on est attiré au loin par un son de percussions accompagnant des chants portugais. On s’approche alors pour apercevoir un groupe d’hommes et de femmes formant un cercle et se balançant de gauche à droite au rythme de la musique. Au centre, deux d’entre eux s’affrontent sans jamais se toucher. La grâce et la souplesse dont les combattants font preuve cachent toute la technicité exigée pour la pratique de la capoeira. On ne peut que s’imaginer l’impact que pourraient avoir l’un des mouvements s’il venait à percuter l’adversaire. Danseurs de capoeira dans la rueEt c’est justement parce qu’il n’y a pas de contact, que tous les niveaux peuvent s’affronter sans risque.

Après quelques minutes de lutte, l’un des adversaires laisse place au centre de la roda – ronde en portugais – à un nouveau challenger, et c’est ainsi que s’enchainent de nombreux combats sans violence sur la cadence des musiciens autour.

Observer cette parade, c’est s’imprégner de la culture brésilienne : toute la richesse de son Histoire, ainsi que la générosité de sa population y sont présentes. Chacun est invité à entrer dans la danse, à fredonner les chants en portugais ou plus simplement à partager une caïpirinha !

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