Iemanja, mère des Orixás

Moitié sirène, moitié créature hermaphrodite selon les contrées, Lemanja est fêtée sur les plages du Brésil le 2 février.

Il est une date à noter pour tous les visiteurs curieux d’en savoir plus sur une des religions les plus pratiquées au Brésil : le 2 février, spécialement sur les plages de Salvador de Bahia. Ce jour-là est célébré le culte de Iemanja (dia de Iemanja), déesse mère de tous les saints issus du Candomblé.

Le 2 février, fête de la déesse de l’océan du Candomblé à Salvador de Bahia et dans tout le Brésil

Le candomblé est une religion syncrétique extrêmement prégnante, pratiquée aussi bien au Brésil que dans les pays voisins. Elle est issue des croyances africaines amenées par les esclaves lors du trafic organisé par les colonisateurs portugais. Devant l’impossibilité de faire renoncer aux Africains leurs cultes, les autorités catholiques ont favorisé cette religion dans le seul but d’amener les anciens esclaves à se convertir au catholicisme tout en y adaptant leur foi. C’est ainsi que Lemanja, la mère de tous les Orixás (divinités associées à un élément de la nature, l’eau, le feu, la mer, la forêt, etc.), fut progressivement associée au Brésil à l’image de la vierge Marie.

Sur son 31 à Itapema

Déesse de la mer, de l’eau en général, et des femmes enceintes en particulier, Iemanja est naturellement fêtée sur les plages de l’océan dans une grande ferveur œcuménique. Le soir du réveillon du 31 décembre notamment, la foule se réunit au bord de la mer pour lancer ses offrandes dans des paniers.

La grande particularité de cette célébration, et de toutes celles liées au Candomblé, est sa faculté à rassembler toutes les couches de la population, de toutes couleurs et de tous niveaux sociaux confondus. Chacun formule son souhait pour l’année à venir, allant du vœu philosophique ou sentimental à la demande de résolution d’un problème très pratique, comme celui d’une plomberie en panne permanente, par exemple !

La transe du 2 février à Bahia

La fête officielle, le Dia de Iemanja, se situe le 2 février et a pour épicentre les plages du Rio Vermelho à Salvador de Bahia. C’est ici qu’historiquement accostaient les bateaux venus d’Afrique et chargés de la main d’œuvre corvéable à merci. C’est donc ici, sur les rives de l’océan, que le Candomblé a pris racine et qu’il compte le plus de pratiquants dans le pays. On estime à plus de 3 millions le nombre de Brésiliens se revendiquant de ce culte.

A l’origine, la légende veut que les pêcheurs bahianais déçus par leur maigre butin aient invoqué les Orixás pour obtenir de plus belles pêches. La fête fut créée dans les années vingt, puis institutionnalisée en 1960.

Dès le matin du 2 février, les locaux envahissent la plage et adressent leurs offrandes à Iemanja via des prêtresses habillées de blanc, les « Mães de Santos». Ces Mães et Pais (mère et père) assurent la pratique du candomblé tous les samedis soir dans des maisons appelées « Terreiros ». Lors de la fête, la plage devient une gigantesque réunion rythmée par les chants, la musique, les tambours entêtants et les danses qui se prolongent très tard dans la nuit. Chacun vient sur la plage pour déposer dans les vagues ses offrandes sous la forme d’une petite embarcation, le balaio, chargé de cadeaux pour la déesse telle que des fleurs, des bijoux, des savons ou du parfum. Un spectacle émouvant qui témoigne de la ferveur locale dans une ambiance mêlant joie et espérance.

Au même titre que le Lavagem do Bonfim, ou le carnaval, ce rite envoûtant est à ne manquer sous aucun prétexte pour toutes celles et ceux pour qui le voyage implique la rencontre et la connaissance de la population locale – et de ses mœurs. Et pour tous les amateurs de fête en général ! Une raison de plus pour venir passer des vacances de début d’année à Salvador de Bahia !

WhatsApp