La monnaie brésilienne actuelle est le real (pluriel « reais »). Son symbole est « R$ » et son code de devise ISO est « BRL ».
Cette page de la section des informations essentielles vous propose de découvrir comment la monnaie brésilienne est devenue le Réal et son parcours à travers les âges. Au cours de son histoire, la monnaie brésilienne a changé plusieurs fois de nom. Parfois en raison de l’hyperinflation et des objectifs économiques, d’autre pour des raisons idéologiques. À partir de l’arrivée de la monnaie avec les colonisateurs européens, nous décrieront son évolution dans le temps, en fonction de l’effet de ses fluctuations de valeur sur la société brésilienne. Enfin, nous présenterons le Real d’aujourd’hui, comment il est émis et comment il a été interprété par différents dirigeants politiques brésiliens.
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Les Reis: arrivée du Réal, première monnaie du Brésil
Le Réal a été la première monnaie officielle du Brésil, introduite par les Portugais et les Néerlandais vers le milieu du XVIIe siècle. Son vrai nom, qui signifie «royal» en portugais, était également le nom de la monnaie en circulation au Portugal de 1400 à 1911. Le Réal était donc utilisé dès le début de la colonisation au Brésil. Le symbole du « vieux Réal », tel qu’il est connu de nos jours, était « Rs $. » Remarque : le dernier caractère ressemblant à un signe dollar s’appelle « Cifrão » et était écrit avec deux traits verticaux au lieu d’un en portugais.
La forme plurielle du vieux réal est « reis« , par opposition à la forme plurielle du réal moderne qui est « reais« , (en français Réaux). L’unité pratique du vieux réal a changé plusieurs fois au cours de sa vie en raison des effets de l’inflation. Devenant d’abord «mil reis» signifiant mille réis puis devenant «conte de réis» qui équivalait à un million de reis!
De nos jours, on peut entendre ces expressions plus anciennes dans les paroles des vieilles chansons brésiliennes, comme dans cet extrait d’une chanson traditionnelle de Capoeira, l’art martial traditionnel afro-brésilien :
“Capénga était ici hier”
Il a donné deux mille reis à Papa
Il a donné trois mille reis à maman
Le café et le sucre à la grand-mère
Seulement, deux sous pour moi”
Extrait de “Capénga”
Malgré l’obtention de son indépendance auprès de la couronne portugaise en septembre 1822, lors de la fondation de l’empire du Brésil par Dom Pedro I (Pierre 1er), le Réal resta la monnaie officielle du Brésil. L’ancienne monnaie brésilienne fit l’objet de nombreuses mises à jour au fil des ans, et le real brésilien original, qui circulait dans les années 1750, était frappé en pièces de cuivre de 5, 10, 20 et 40 reis. Les pièces en argent se comptabilisaient en 75, 150, 300 et 600 réis, les pièces en or étaient elles disponibles en 1000, 2000, 4000 et 6400 réis.
La première monnaie de papier utilisée au Brésil était destinée à payer les prospecteurs de diamants. Les premiers spécimens n’étaient pas des billets à proprement dits avec une montant établi par la banque (5,10,20,etc). Ces billets s’apparentaient plutôt à des bons dont on stipulait le montant en fonction de la date et du montant de la transaction.
Dans l’histoire du Brésil, diverses banques ont édité leurs propres billets en Réal brésilien, notamment la Banque du Brésil, la Banque du Maranhão et la Banque des États-Unis du Brésil. Les gouvernements régionaux ont également émis leurs propres billets de banque dans les années 1890 et entre 1924 et 1942.
1942 – 1994: Le Cruzeiro devient la nouvelle monnaie brésilienne
Le Cruzeiro a remplacé l’ancien Réal en 1942 et plusieurs versions de cette monnaie ont circulé au Brésil jusqu’en 1994. Son symbole était « Cr $ ». De 1986 à 1989, le Cruzeiro a été remplacé par le « Cruzado » et de 89 à 90 par le » Nouveau Cruzado ».
Il y a eu trois monnaies distinctes au Brésil, qui ont porté le nom de Cruzeiro. Le premier Cruzeiro connu sous le nom d’ « ancien Cruzeiro » (Cruzeiro antigo) a circulé de 1942 à 1967. Le deuxième Cruzeiro, connu sous le nom de « Cruzeiro novo« , a été utilisé de 1970 à 1986. (en portugais “Cruzeiro novo” signifie « nouveau Cruzeiro ».) Enfin, le troisième et dernier Cruzeiro a été utilisé entre 1990 et 1993.
Le nom de Cruzeiro vient de « Cruzeiro do Sul » qui est le terme en portugais pour la constellation de la Croix du Sud. Cette constellation n’est visible pratiquement que dans l’hémisphère sud et reste une icône de la culture brésilienne. Elle est toujours utilisée sur la pièce de « Um Real » (voir ci-dessous) et occupe une place de choix dans divers insignes et armoiries dont le drapeau brésilien Auriverde.
1994 – aujourd’hui: Le réal moderne – monnaie du Brésil actuel
Aujourd’hui au Brésil, la monnaie est à nouveau le Réal. Depuis le début des années 1690, le nom « Real » a perduré jusqu’à nos jours (à l’exception de la période comprise entre 1942 et 1994, lorsque le Cruzeiro a pris sa place). Le pluriel du « real » moderne en portugais est « reais » et son signe est « R$ ». Son code de devise standard international est BRL et il est émis par la Banque Centrale du Brésil (Banco Central do Brasil).
Un fait intéressant est que le réal moderne est égal à 2.75 × 1018 (2,75 quintillions!) de réal brésilien d’origine. Au moment de la rédaction de cet article (septembre 2019), l’Euro équivaut à 4,55 reais.
Le Réal est divisé en 100 «centimes» (centavos).
Les différentes pièces de la monnaie du Brésil
La série actuelle de pièces de monnaie du Réal a été lancée en 1998. Bien que la Banque Centrale ait cessé de produire des pièces de 1 centavo en novembre 2005, elles sont toujours en circulation et ont toujours une valeur légale. Une chose amusante et intéressante que vous pourrez voir lors de votre voyage au Brésil, de petites piles de dix pièces de 10 centimes attachées ensemble faisant office de pièce de 1 Real!
Chaque pièce de “centavo” (centime) présente la constellation de la croix du Sud sur une face. Pedro Álvares Cabral, le découvreur du Brésil, figure sur la pièce de 1 centavo, en acier plaqué cuivre.
La pièce de 5 centavos, également en acier plaqué cuivre, porte le visage de Joaquim José da Silva Xavier, surnommé «Tiradentes». Il était une figure éminente d’un mouvement révolutionnaire du Minas Gerais, au cours duquel il s’était battu pour l’indépendance de la couronne portugaise et pour lequel il a été pendu en place publique. Au Brésil on commémore Tiradentes comme un héros national avec un jours férié le 21 avril.
L’acier plaqué laiton est le matériau utilisé pour fabriquer la pièce de 10 centavos. Elle représente Dom Pedro I, également appelé «le libérateur». Il est devenu le premier empereur du Brésil en octobre 1822 après avoir déclaré son indépendance du Portugal le 7 septembre de la même année.
La pièce de 25 cents est également en acier plaqué laiton. Sur celle-ci figure le maréchal Deodoro da Fonseca, le premier président de la République du Brésil, qui a dirigé le coup d’Etat ayant renversé l’empereur Pierre II et dans la foulée l’empire du Brésil.
La pièce de 50 centavos est en acier et est ornée du visage de José Paranhos Junior, l’un des ministres des affaires étrangères les plus respectés du Brésil. Il a réussi à résoudre pacifiquement tous les problèmes frontaliers que le Brésil avait avec ses pays voisins. Enfin, la pièce de 1 réal est constituée d’une pièce intérieure en acier entourée d’un anneau de laiton. L’anneau de laiton extérieur est décoré d’un motif d’art Marajoara, un art traditionnel de l’île de Marajó dans l’estuaire de l’Amazone. Au centre se trouve l’effigie de la République, le symbole de la République du Brésil.
La pièce de 1 Real
La pièce de monnaie de 1 Real est constituée d’un centre en métal argenté et d’une couronne en métal dorée. Elle présente sur son coté face un liseré évoquant l’art Marajoara et l’effigie de la République. L’effigie « Efígie da República« , telle qu’elle est connue en portugais, est le symbole des Républiques brésilienne et portugaise, inspirées de la Marianne de la République Française.
Voici des sources ayant inspirés le design de la pièce 1 Real.
- La première est un exemple de l’art Marajóenses, que vous pouvez voir sur l’anneau extérieur de la pièce 1 Real. L’île de Marajó est la principale de l’estuaire de l’Amazone, à peu près de la taille de la Suisse. Elle est célèbre pour ses splendides poteries en céramique aux formes et motifs de décoration géométrique caractéristiques. Cette tradition artistique est issue d’une civilisation ayant prospéré à partir de 1400 Av-JC et mystérieusement disparu 2 siècles avant l’arrivée des européens, dont on a retrouvé uniquement des poteries et urnes funéraires enterrées.
- La seconde est un exemple d’art allégorique représentant la République Brésilienne, réalisé par Manuel Lopes Rodrigues en 1896. La femme sur la peinture est la personnification de l’ « Efígie da República« , également visible sur la pièce de monnaie 1 Real. Le Brésil étant devenu une République en 1889, ce symbole a ensuite été largement utilisé pour symboliser celle-ci.
- La troisième montre la constellation de la Croix du Sud (Cruzeiro do Sul) dans le ciel nocturne. Elle n’est généralement visible que depuis l’hémisphère Sud, même s’il est possible de la voir rarement dans certaines parties de l’hémisphère Nord. Pour cette raison, la Croix du Sud est donc devenue un symbole à la fois du Brésil et de nombreux autres pays situés au sud de l’équateur. On retrouve ce symbole sur toutes les pièces de monnaie en Réal.
Les différents billets de banque de la monnaie du Brésil
L’actuelle série de billets de banque brésiliens a commencé à circuler en 2010 et se décline en coupures de 2, 5, 10, 50 et 100 réaux.
Sur le billet de 2 reais, on trouve la tortue marine. Cette espèce en danger critique évolue dans les eaux brésiliennes et des efforts considérables sont en cours pour lutter contre son extinction. Ces créatures marines majestueuses étaient traditionnellement chassées pour leurs magnifiques carapaces.
Sur le billet de 5 reais on trouve une aigrette, un grand oiseau ressemblant à un héron, qui peut attraper les poissons avec son long bec pointu. Il exhibe son beau plumage blanc.
Sur le billet de 10 reais figure le Ara Macao, un perroquet à ailes vertes, célèbre symbole du Brésil tropical, il appartient à l’une des plus grandes espèces de perroquet du Brésil.
Si vous observez un billet de 20 reais, vous découvrirez le Tamarin lion doré ou petit singe Lion qui a élu domicile dans la forêt Tropicale Atlantique du Brésil (Mata Atlantica). Malheureusement, en raison de l’exploitation forestière et de l’irresponsabilité de l’humanité, leur habitat et leur nombre diminuent chaque année.
Regardez un billet de 50 reais et vous y verrez le mythique jaguar, roi du Pantanal, vous aurez peut-être la chance de partir pour un safari à la recherche de ces majestueux félins.
Enfin, si vous étudiez un billet de 100 reais, vous verrez l’image d’un mérou. C’est un poisson très prisé dans les États côtiers du Brésil.
L’histoire moderne de la monnaie du Brésil
Le Plan Real
En 1994, le «Plan real» a été mis en place pour contrôler l’inflation et stabiliser la monnaie et l’économie brésiliennes. Le ministre des Finances de l’époque, Fernando Henrique Cardoso (devenu président par la suite), a instauré cette politique de rigueur sous la présidence d’Itamar Franco, le Plano Réal. Le Plan Real, conçu pour renforcer la monnaie brésilienne, a d’abord mis en place pendant quelque mois « l’unité de valeur du real » (URV)». Il s’agissait seulement d’une unité de valeur affichée en même temps que le Cruzeiro Real. Elle était donc à l’abri des effets de l’hyperinflation. Le 1er juillet 1994 cette URV fut substituée par le real moderne qui avait le même taux.
Le plan Real comportait également une série de réformes économiques émanant du gouvernement qui permettaient de maîtriser l’inflation pour les années à venir. Ces réformes comprenaient le contrôle des dépenses grâce à des taux d’intérêt élevés, ainsi que l’adoption de politiques commerciales libérales favorisant une concurrence accrue sur les marchés. Au début le plan fonctionna et le real gagna de la valeur par rapport au dollar américain, soutenu par d’importants investissements de capitaux au Brésil, en particulier en 1994 et 1995. Cependant, après 1995, le Real connu une chute progressive menant à une crise en 1999.
En 1999, la Banque centrale brésilienne annonça que le real ne serait plus indexé sur le dollar américain, ce qui entraîna une croissance économique de 4,4% en 2000.
Le Real sous Lula
Les élections présidentielles de 2002 eurent un gros impact sur la monnaie brésilienne désormais flottante. Depuis le début de la campagne, Luis Inacio Lula da Silva, un candidat de gauche prônant la protection des travailleurs et opposé à « l’exploitation capitaliste » était en tête dans les sondages. L’élection de cet ex ouvrier métallurgiste à la présidence fit chuter le real qui passa de 2,50 $ à 4,00 $ pour un dollar en novembre 2002. Les investisseurs et le public commencèrent alors à perdre confiance dans le real brésilien.
À la grande surprise des économistes ainsi que des partisans et des opposants de Lula, lorsque celui-ci pris ses fonctions en 2003, il ne reforma pas l’économie comme beaucoup s’y attendaient. En fait, Lula a continué la politique du gouvernement précédent en priorisant le contrôle de l’inflation et le maintien de la monnaie flottante. Il a même pris la précaution de nommer des ministres conservateurs à certains postes, tels qu’au ministère des Finances et des revenus. Certains critiques de Lula l’ont d’ailleurs accusé de renier sa parole car il augmenta le salaire minimum beaucoup moins que ce qu’il avait promis lors de sa candidature à la présidence.
Au total, la monnaie brésilienne a prospéré et l’économie a connu une croissance rapide pendant les années Lula (il a été réélu en 2006). Le PIB a augmenté de 5,7% en 2004, de 3,2% en 2005, de 4% en 2006, de 6,1% en 2007 et de 5,1% en 2008. Pendant la crise financière mondiale, l’économie brésilienne poursuivit sa croissance, atteignant 7,5% à la fin de 2010, au contraire de ce à quoi on pouvait s’attendre!
La crise de 2014
En 2011, le real brésilien amorça une baisse progressive face au dollar américain, en 2015 il était passé de 2,55 reais à 4,0 reais. En 2014, le Brésil connut une sérieuse crise économique aggravée par le désordre politique du pays. Les soubresauts de l’opération Lavajato (blanchiment d’argent) entraînèrent la destitution de la présidente Dilma Rousseff, le maintien de cette dernière au pouvoir représentant une menace très réelle pour de nombreux politiciens accusés de corruption. Quelque temps plus tard, Lula fut arrêté et emprisonné. En 2015, le PIB du Brésil a diminué de 3,9% et de 3,6% en 2016. Cette crise a eu des répercussions très négatives sur l’ensemble du pays ; à la fin de 2016 le taux de chômage était passé de 6,8% à 12%. Tous ces faits entraînèrent une contestation et un rejet systématique des dirigeants, en particulier de Dilma Roussef et du Parti des Travailleurs (PT).
Beaucoup croient qu’il s’agit là d’un tournant dans la politique brésilienne, le peuple brésilien cherchant coûte que coûte une alternative au PT, ce qui allait être déterminant pour l’élection du président d’extrême droite Jair Bolsonaro.
La récession a pris fin lorsque le PIB a recommencé à croître de 1,4% au premier trimestre de 2017.
Le real depuis Bolsonaro
La candidature de Bolsonaro, un futur président d’extrême-droite qui plaçait la croissance économique comme priorité était «ce que souhaitaient les marchés». Les investisseurs du monde entier ont recommencé à confier en la devise brésilienne, on disait même que l’économie brésilienne était sur la voie de la reprise.
Lorsque Bolsonaro est entré en fonction le premier janvier 2019, il a confié à l’homme d’affaires Paulo Guedes la mission de remettre sur les rails l’économie et la monnaie brésilienne, le real étant à nouveau au même niveau qu’en 2014. Depuis l’arrivée au pouvoir du nouveau président, les économistes ont du diminuer de moitié leurs expectatives en matière de croissance économique pour 2019, et il y a peu d’espoir d’amélioration des maigres rendements de 2017 et 2018.
La valeur du real ne s’est pas améliorée en 2019. Le gouvernement Bolsonaro attribue le désastre économique du pays au gouvernement de Dilma Rousseff, qui a été mis en accusation pour avoir prétendument caché les dépenses excessives de son gouvernement. La réduction de la dette fiscale (le montant dépensé par un pays au-delà de ses revenus) est affichée comme étant au centre des préoccupations du gouvernement Bolsonaro, avec leur mesure phare, la réforme du système des retraites. Certains Brésiliens prennent en effet leur retraite à la cinquantaine, bénéficiant de prestations très généreuses, les fonctionnaires et surtout les militaires tout particulièrement.
Le gouvernement brésilien affirme que si des mesures drastiques ne sont pas prises, la dette du pays sera égale à la taille de son PIB d’ici 2023. Un chiffre inquiétant pour les Brésiliens et l’économie mondiale.
Écriture numérique du real
Au Brésil, un point (.) est utilisé pour marquer les milliers et une virgule (,) pour marquer les fractions. Par conséquent, si vous consultez un menu de bar, vous constaterez peut-être qu’une caïpirinha coûte 7,00 R$. Quelque chose qui coûte 7 000 reais sera écrit R$ 7.000.
Musée de l’argent – Brasilia
Si vous êtes intéressé par l’histoire de la monnaie brésilienne ou des anciens moyens de paiement en général, pourquoi ne pas visiter le Musée de l’argent (Museu de Valores) à Brasilia ? Il est situé au premier étage de la Banque Centrale et expose des pièces de monnaie, des billets de banque, de l’or et d’autres objets ayant représenté une valeur d’une manière ou d’une autre. Vous y découvrirez également la plus grosse pépite d’or jamais trouvée au Brésil, pesant 60.820 kg!
