L’histoire de la Terre de la Véritable Croix, de la conquête
Au XVIe siècle, les Portugais entament la conquête puis la mise en valeur de la Terre de la Véritable Croix, le premier nom du Brésil.
Considérée longtemps comme le point de départ de l’histoire du pays, cette époque se distingue par l’exportation intensive de matières premières et par une importante traite négrière. Plusieurs avancées économiques et institutionnelles obtenues au début du XIXe siècle vont favoriser la fin de la période coloniale et remettre en cause la tutelle de Lisbonne.
Une première expérience coloniale timide
Si ses côtes semblent déjà reconnues par des navigateurs contemporains de Christophe Colomb, le Brésil n’est découvert officiellement qu’en 1500 par l’explorateur Cabral. En vertu du traité de Tordesillas, le territoire, alors désigné comme « Terre de la Véritable Croix », revient aux Portugais. Malgré une description enthousiaste de ses ressources par les premiers visiteurs européens, sa colonisation reste limitée. Elle vise essentiellement à envoyer vers la métropole du bois pau-brasil, réputé pour sa superbe teinture couleur vermeil.
Ce sont les tentatives d’établissement des France « équinoxiale » (en Guyane) et « antarctique » (dans la baie de Rio de Janeiro) qui accélèrent l’exploitation du Brésil par la Couronne portugaise. Celle-ci découpe le pays en 15 concessions confiées à des capitaines donataires en 1532. Ces seigneurs puissants sont délégataires d’une partie des droits royaux dans les domaines de la justice, de la défense, de la fiscalité et de l’administration au sein de leurs nouvelles possessions. Ils doivent également assurer la mise en valeur rapide des terres par la lucrative culture de la canne à sucre.
Le XVIIe siècle, une époque au commerce
triangulaire florissant
Organisée en très vastes domaines, l’agriculture coloniale au Brésil réclame une main-d’œuvre importante. Dès 1550, elle s’appuie sur l’utilisation massive d’esclaves africains, dont la déportation va alimenter pendant près de 300 ans un commerce triangulaire florissant.
Moins d’un siècle après sa découverte, le Brésil devient le premier producteur au monde de sucre, s’enrichissant considérablement. Ses grands centres urbains, dont le maillage de rues pavées reprend souvent celui de Lisbonne, se couvrent de bâtiments publics aux façades décorées d’azulejos (des carreaux de faïence aux motifs blancs et bleus) et de palais élégants. Ils accueillent les plus prospères des colons, les afidalgados, qui constituent une véritable aristocratie aux modes et aux traditions proches de la métropole.
Cette période historique joue également un rôle majeur dans le métissage du pays. La rareté des femmes occidentales oblige les nouveaux possédants à prendre des épouses (voire des maîtresses) d’origine africaine ou amérindienne. Elle se traduit par l’apparition de communautés singulières, comme les caboclos.
Un Brésil de moins en moins soumis à la Couronne
Si au cours du XVIIIe siècle la production de sucre commence à ralentir, la découverte de riches gisements d’or et de diamants dans le Minas Gerais offre un second souffle économique et démographique à la colonie. Les chefs-d’œuvre d’art religieux baroque des anciennes villes de prospecteurs rappellent la prospérité de l’époque.
Cette nouvelle période de croissance, renforcée par le succès de la culture du café, s’accompagne d’une nette perte d’autorité de Lisbonne sur le Brésil. Les grands propriétaires terriens dirigent le jeu politique local, appuyant fréquemment leur autorité sur des armées de mercenaires conséquentes, les Bandeirantes.
Les velléités autonomistes se trouvent accélérées par l’émigration temporaire à Rio du souverain du Portugal suite aux bouleversements politiques provoqués par les guerres napoléoniennes. La colonie bénéficie en 1815 d’un statut plus favorable, devenant une possession à part entière du royaume. Avec la promulgation de la Carta Regia, elle dispose aussi d’institutions propres (banque nationale, université, imprimerie officielle…) ainsi que d’une liberté de commerce élevée.
Les Amérindiens, premières victimes de la conquête portugaise
Estimée entre 4 à 5 millions à l’arrivée des Portugais, la population amérindienne va rapidement souffrir de la colonisation. Au-delà des conséquences d’une expropriation et d’un esclavage forcés, elle se voit décimée par les maladies européennes. En 2010, les descendants revendiqués des tribus représentaient environ 900.000 personnes au Brésil.