Art Moderne & Art Contemporain au Brésil

A l’instar du romantisme rompant les amarres avec le passé au XIXe siècle, l’art moderne explosa au Brésil au XXe siècle en s’affranchissant des structures existantes.

Fortement inspiré par la vieille Europe, le modernisme accompagna le pays dans le passage à l’ère industrielle, avant que l’art contemporain prenne le relais en se basant avant tout sur la contre-culture des années soixante. La peinture et la sculpture brésilienne, continuèrent à s’inscrire dans l’histoire de l’art mondial.

Tableau de Anita Malfatti représentant une femme avec une corbeille de fruits exotiques au Brésil.

La semaine décisive pour l’Art Moderne au Brésil

 

Même si le courant débuta quelques années auparavant, on a coutume de prendre 1922 comme date fondatrice du modernisme au Brésil. C’est en effet du 13 au 17 février 1922 que fut organisée la Semaine d’Art Moderne au Théâtre municipal de São Paulo. Sur l’impulsion d’un groupe d’artistes désireux d’acter une nouvelle dynamique de creation artistique au Brésil.

Le discours était clair : il fallait d’une part rompre avec les modes d’expressions poussiéreux du passé proche, d’autre part avec l’élite qui les soutenait. Très influencés par les courants novateurs instaurés en Europe, cubisme, surréalisme, futurisme, ces créateurs voulaient pousser leur pays dans une marche en avant où tout serait remis en question. Ils revendiquaient surtout une liberté d’expression inédite et une approche de l’art plus tournée vers le peuple. Inutile de dire que ce refus de l’académisme triomphant fut très mal admis parmi les gens de la haute société.

Même si elle ne fut pas la seule artiste présente lors de cette semaine, la peintre Anita Malfatti de par son engagement ressortit en figure de proue de ce mouvement. Elle préconisait une remise en cause intellectuelle totale apte à appréhender de façon réaliste les mouvements secouant le monde.

On pourra également citer comme compagnons de route de Malfatti le poète-romancier Mário de Andrade (un des co-fondateurs de la « Semaine »), le peintre Emiliano Di Cavalcanti, le sculpteur Victor Brecheret, l’architecte Georg Przyrembel, ou encore le compositeur Heitor Villa-Lobos qui contribuèrent chacun dans leur domaine à l’éveil du Brésil à l’universalité du XXe siècle.

Tableau cubiste brésilien representant une scène villageoise.

De nouvelles frontières artistiques à découvrir

 

Ce nouveau courant, s’il fut déterminant dans le changement des mentalités tournées vers l’art, fut néanmoins circonscrit aux seules cités de Saõ Paulo et Rio de Janeiro. Il était lié à l’industrialisation, aux technologies nouvelles et aux mouvements migratoires, et trouvait un accueil naturel dans la forte urbanisation qui caractérisait ces deux villes phares du Brésil.

Suite aux prémices de ce mouvement qui préconisaient un art « national » exaltant les valeurs intrinsèques du pays, une nouvelle tendance vint inciter les artistes à voir au-delà des rivages de l’Atlantique. Le mouvement « anthropophage » de la fin des années vingt poussa les créateurs à s’enrichir des nouvelles formes d’expression en vogue en Europe. Ils partirent à la rencontre des cubistes français, de l’expressionnisme allemand, et plus tard dans les années trente de pays aux valeurs politiques en adéquation avec leur forme d’expression : la peintre Tarsila do Amaral fut par exemple invitée par les autorités soviétiques à venir admirer de près l’art prolétaire dans le « paradis » communiste.

Tableau abstrait d'art contemporain brésilien.

L’art contemporain au Brésil

 

Aussi vite que l’académisme avait été jeté aux orties par les modernes, ceux-ci furent éclipsés au sortir des années cinquante par un souffle nouveau, l’art contemporain. Le Brésil était alors en pleine phase de décollage technologique et en pleine mouvance politique. Il était dès lors normal que l’art suive le mouvement initié.

Cet art contemporain se caractérisa par une radicalité plus grande quant à la vision du monde, et de la société brésilienne en particulier. Les années cinquante amenèrent une forte remise en question des valeurs et des traditions. Les grandes inégalités au sein de la population incitèrent les artistes à prendre parti. La guerre froide battait alors son plein et les peintres (Lygia Clark, Oscar Araripe), les musiciens (bossa nova, tropicalistes), romanciers (Jorge Amado) ou architectes (Oscar Niemeyer) se sentirent naturellement attirés par le sort des plus défavorisés. Beaucoup manifestèrent ouvertement des sympathies pour l’URSS et ses satellites, certains étant obligés de fuir leur pays à l’arrivée de la dictature militaire en 1964.

L’art continua néanmoins à se développer au Brésil et à suivre la voie économique sur laquelle le pays s’était engagé. La satire politique avait été abandonnée, de gré ou de force, et la réflexion portait à présent plus sur la raison, le concept et l’outil. Les ordinateurs commencèrent alors à prendre toute leur place dans la production artistique, dans la musique en premier lieu, mais aussi dans la peinture et la sculpture, l’Art Contemporain du Brésil s’intégrant dans l’air du temps.

Les années quatre-vingt et le retour à la démocratie allaient amener le développement des structures et des lieux d’exposition à grande échelle. Les Biennales furent alors créées, attirant, outre les Brésiliens, beaucoup d’étrangers s’intéressant de plus en plus à ce marché nouveau qui s’ouvrait en Amérique du Sud. On pourra à ce sujet faire la même remarque que celle émise plus haut : l’Art Contemporain au Brésil se limite essentiellement aux grandes mégalopoles et a du mal à trouver des oreilles et des yeux attentifs dans les zones plus rurales où la réalité sociale et culturelle n’était pas reflétée par ces différents courants artistiques.

Vue d'une exposition d'art contemporain dans une galerie d'art à Sao Paulo.

Un marché de l’art brésilien florissant

 

A l’orée du XXIe siècle, le Brésil est désormais un pays puissant, qui a subi un boom économique fulgurant lors des trente dernières années même si, une fois encore, tout le monde n’en profite pas de la même manière. São Paulo s’affirme comme la capitale économique du pays, mais aussi comme une plaque tournante incontournable du marché de l’art. Un marché qui est en phase avec l’évolution économique de la nation et qui devient en une décennie un des plus lucratifs au monde. Le MASP, le plus grand musée d’art d’Amérique latine et le MAC (Musée d’Art Contemporain) installé dans le parc Ibirapuera sont le reflet de cette dynamique du marché de l’art contemporain au Brésil.

La ville organise depuis soixante-dix ans (1951 exactement) sa propre biennale qui attire plus de 370 000 personnes chaque année et qui s’est progressivement imposée comme un des événements artistiques majeurs sur la planète. Il est donc naturel que les artistes viennent s’installer dans cette cité et que les galeries d’art prolifèrent dans les quartiers à la mode. Elles sont majoritairement situées dans des centres commerciaux de l’avenue Paulista et des quartiers de Jardins ou Vila Madalena, les plus célèbres étant la galerie Raquel Arnaud, la galerie Luciana Brito, ou le White Cube qui s’enorgueillit d’un côté très underground. Ces lieux exposent principalement des artistes brésiliens qui s’exportent à présent dans le monde entier, et accueillent en retour les collectionneurs les plus connaisseurs… et argentés.

Vue de la cour Burle Marx de Oficina Francisco Brennand.

Les grands lieux de l’Art Moderne et Contemporain au Brésil

Outre les musées (MASP, MAC et MAC USP) et galeries que l’on peut trouver à Sao Paulo, Rio de Janeiro propose également un musée d’art Contemporain et le musée d’art moderne en face du musée de demain. De l’autre coté de la baie de Guanabara, sur un promontoire rocheux, se trouve le lieu le plus emblématique de l’art contemporain au Brésil, la fameuse « soucoupe volante » de Niemeyer, le musée d’Art contemporain de Niteroi.

En parlant d’ovni, L’Oficina Francisco Brennand, à Recife dans le Nordeste, en est un dans le paysage artistique contemporain brésilien. Il propose de découvrir l’univers fantasmagorique de l’artiste à travers une vaste installation de sculpture et de bâtiments entièrement imaginé par celui-ci. A l’instar d’un facteur cheval brésilien, mais en plus ésotérique, il a consacré sa vie à construire cette vaste installation unique en son genre et qui vaut le détour, sur le chemin de Fernando de Noronha.

Enfin à ne pas manquer pour les amateurs d’Art contemporain lors d’un voyage au Brésil, l’Inhotim, le plus grand musée d’art contemporain à ciel ouvert d’Amérique du Sud, installé dans les environs de Belo Horizonte dans le Minas Gerais. Cet immense parc de 1000 hectares réunit sculptures, peintures et installations artistiques des plus grands artistes nationaux et internationaux avec une collection de plantes tropicales. Une étape idéale pour clôturer un circuit de découverte du patrimoine colonial du Minas Gerais.

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