Tous les arts au Brésil

Comme tous les pays, le Brésil possède son identité artistique propre.

L’étranger à la culture de ce pays aura tendance à la limiter à quelques formes d’expression stéréotypées ; elle est au contraire vaste et foisonnante. Et remonte aux origines du pays.

Les prémices et les arts coloniaux au Brésil

Les premiers explorateurs portugais à poser le pied sur le sol américain au tout début du XVIe siècle entrèrent en contact avec des tribus d’Indiens Tupis et Gê qui possédaient leur propre langage artistique : peinture, sculpture, musique, architecture et tradition orale.

Guidés par leur foi religieuse alliée à une volonté colonisatrice, les nouveaux arrivants entreprirent de convertir ces autochtones – considérés comme « sauvages » – grâce à des nouvelles formes d’art importées d’Europe.

Toutes les disciplines artistiques furent soumises à la doctrine martelée par les pères jésuites, et ce jusqu’au début du XIXe siècle et la révolution romantique. On note malgré tout l’apparition de véritables artistes au XVIIIe siècle, même s’ils restent énormément influencés par le baroque européen, et cantonnés aux limites des préceptes religieux en vigueur.

Gravure ancienne montrant une famille indigène dans sa hutte.

Les arts au Brésil à l’ère moderne

Le romantisme libéra les esprits au Brésil, libération concomitante avec l’indépendance du pays en 1822. L’art s’est alors affirmé comme « nationaliste », vantant la nouvelle identité brésilienne de l’ère moderne.

Le XIXe siècle vit surtout l’émergence aux quatre coins du pays d’institutions et d’édifices destinés à propager tous les nouveaux courants, opéras, théâtres, académies et écoles d’art.

 

On peut dire que le XXe siècle a définitivement permis au Brésil d’entrer dans la cour internationale à tous les niveaux de la société, et donc de l’art. Les mouvements moderne et contemporain ont fait éclore des artistes qui allaient être mondialement connus : l’architecture futuriste, les musiques nouvelles, la littérature engagée, sans oublier les arts « nouveaux » comme le cinéma et la photographie ont apporté leur lot de créateurs innovants.

Oeuvre art contemporain du Brésil de Fernanda Quindéré

L’architecture au Brésil

 

Lorsqu’on débarque dans une contrée inexplorée avec l’idée de s’y installer définitivement, la première chose à laquelle on songe est de bâtir sur du long terme. La richesse réputée à juste titre de l’architecture au Brésil puise certainement dans cette impérieuse nécessité qui guida les premiers colons il y a plus de cinq cent ans.

L’architecture baroque des XVIIe et XVIIIe siècles vit l’édification d’édifices publics, mais surtout religieux, très inspirés de celle du Portugal originel. Néanmoins, des artistes de renom comme Aleijadinho marquèrent très fortement leur époque par leur style flamboyant.

Les périodes plus récentes apportèrent les notions technologiques modernes aux bâtisseurs : le fer forgé au XIXe siècle, le béton au XXe participèrent à la création de grands bâtiments publics. Les architectes et les urbanistes travaillèrent de concert pour la modernisation des grandes métropoles, voire leur création à l’instar de la capitale du Brésil, Brasilia. Pour leur part, les villes de São Paulo ou de Rio de Janeiro se classent actuellement parmi les grandes métropoles mondiales à l’architecture inspirée et futuriste.

 

Page architecture

La littérature au Brésil 

 

Il y eut une littérature baroque au XVIIe siècle, préromantique au XVIIIe, mais ces courants mettaient en valeur plus des textes de religieux portugais qu’autre chose. On considère que c’est au XIXe siècle, avec la déclaration d’indépendance, que naquit la véritable littérature brésilienne.

Le romantisme, puis le réalisme à la fin du XIXe ancrèrent les valeurs nationalistes des auteurs comme De Azavedo ou De Alencar se revendiquant désormais comme purs Brésiliens. Le modernisme au XXe siècle fut une stricte continuité de ce désir de décrire au plus près la dure vie des déshérités de ce vaste pays. Jorge Amado, l’un des plus grands écrivains de la période dite contemporaine, paya de l’exil son engagement envers les plus pauvres.

Au XXIe siècle, la littérature brésilienne est la digne descendante de ce besoin de dénonciation des inégalités sociales et de l’existence difficile des quartiers défavorisés, mais elle propose également des œuvres plus « divertissantes » avec une forte percée du roman policier, ou du roman à succès planétaire.

 

Page littérature

La musique au Brésil

 

Pour nombre de gens, la musique au Brésil se limite à la samba et à la bossa nova. Ces deux courants sont bien sûr totalement associés à l’image d’un Brésil de carte postale valorisante, et leur puissance créatrice induisant une portée nationale – et internationale – n’est plus à démontrer. Mais ne voir que cela, c’est ignorer le forro plus ancien, le tropicalisme ou les musiques populaires brésiliennes. Sans parler de la musique classique.

Comme dans toutes les autres disciplines artistiques, les premières musiques au Brésil furent guidées par la stricte dévotion catholique. Ce n’est qu’à partir du XIXe siècle que les compositeurs brésiliens d’envergure apparurent et devinrent mondialement connus par la suite, tels Antonio Carlos Gomez ou l’incontournable Heitor Villa Lobos. Avec le Mouvement de Musique Vivante et l’Ecole de Musique Nationale, la musique classique entra de plain-pied dans le modernisme du contemporain et de l’expérimentation.

Les traditions rythmiques amenées par les esclaves africains dès le XVIIe siècle modifièrent en profondeur le paysage musical brésilien. Cela donna les modinhas au XIXe, puis le Forro, la samba et la bossa nova, ces deux dernières expressions offrant au Brésil son identité musicale populaire et internationale. Depuis les courants de la musique populaire se sont multipliés avec le tropicalisme, ou les musiques populaires brésiliennes.

 

Page musique

La peinture et la sculpture au Brésil

 

Ces deux formes d’art sont très liées et viennent toutes deux de l’art précolombien. Le baroque du XVIIe siècle hérita des codes européens, mais se voulait plus issu du peuple et du mélange des cultures qui caractérise le Brésil. La peinture et la sculpture du Brésil étaient née!

Au cours du XIXe siècle se développa le mouvement romantique à la suite logique de ce qui se passait en Europe, avec des peintres comme Victor Meirelles et Pedro Américo. Au XXe, c’est le modernisme, puis l’art contemporain qui domina. Dans les années récentes, les sculpteurs Sérgio de Camargo ou Marta Colvin, ou les peintres Oscar Araripe et Beatriz Milhazes font partie des artistes les plus en vue de l’art brésilien.

Cet art passe naturellement par les galeries, et São Paulo s’est progressivement imposée comme LA ville du marché de l’art au Brésil, au détriment de Rio de Janeiro pourtant capitale culturelle. Le pays connaît depuis ces dernières années une expansion commerciale inédite dont profitent les cours des toiles et des sculptures.

 

Pages peinture et sculpture

Le théâtre au Brésil

 

A l’image de ce qui se passa avec la musique, les pères jésuites apprirent aux Indiens Tupis des textes religieux traduits dans leur langue, qu’ils leur firent représenter en plein air, sur les places de villages le plus souvent. C’est au XVIIIe, mais surtout au XIXe siècle que le théâtre prend son envol au Brésil.

D’abord avec la construction de véritables théâtres, mais aussi avec l’éclosion de dramaturges dont un des plus célèbres fut Gonçalves de Magalhães, auteur de ce qu’on considère comme la véritable première pièce brésilienne, O Poeta e a Inquisição. Le drame fut vite remplacé dans le cœur des Brésiliens par la comédie de mœurs, le meilleur représentant du genre restant Martins Pena.

Dans les décennies récentes, le théâtre fut le lieu de revendications politiques et sociétales, exacerbées par la dictature arrivée au pouvoir en 1964. Il reste un vecteur important de contestation, ainsi que le perpétuent le Teatro de Arena ou le Teatro Oficina.

 

Page théâtre

La danse au Brésil

 

On ne peut pas parler de l’art au Brésil sans inévitablement évoquer la danse, l’un des loisirs préférés de la population, toutes classes sociales confondues. Véritable caractéristique du Brésil, la danse fait partie du quotidien des brésiliens. Ils adorent danser et tout au long de l’histoire du pays, de nombreuses chorégraphies ont été créées pour accompagner les différents styles de musiques à la mode.

La danse est donc partout au Brésil et possède de multiples racines. La majeure partie des danses traditionnelles du Brésil, comme l’iconique samba, trouvent leurs sources dans un métissage culturel. Elles sont issues de la rencontre des styles formels européens des colonisateurs avec les sarabandes endiablées des esclaves africains, auxquels s’ajoutent parfois quelques pas indigènes. Les styles actuels sont variés, venant aussi bien de ces créations régionales ou nationales que d’importations et transformation de rythmes plus récents des États-Unis ou même aujourd’hui de Corée pour les plus modernes !

Dans les bars et restaurants dansants, résonnent les traditionnels Samba ou Forro dans des versions plus ou moins modernisées, mais aussi les sulfureux baile funk au cœur des favelas. Sur les places et dans les rues des villes et villages, toute la population se retrouve pour danser lors des fêtes traditionnelles qui ponctuent l’année. Quelles soient nationales telles que l’incontournable carnaval et les festas juninhas, la Saint Jean locale, ou régionales comme le Bumba Meu boi du Maranhão, place aux quadrilles, axé, samba-reggae et autres frevo mélangeant les trois composantes culturelles locales : africaines, européennes et indigènes.

Nous vous proposons de découvrir un peu plus sur ces chorégraphies traditionnelles dans cette rubrique dédiée aux danses du Brésil.

 

Page danse 

Le cinéma au Brésil

 

Le cinéma est un des arts les mieux ancrés au Brésil puisqu’il s’est développé (c’est le cas de le dire !) quasiment en même temps que sur le vieux continent, c’est-à-dire à la toute fin du XIXe siècle. Adaptant tout d’abord des nouvelles littéraires en muet, il prit le chemin du parlant en 1929, et allait s’inspirer durant une trentaine d’années de ce qui se faisait aux États-Unis. Ce n’est que dans les années soixante qu’il acquit son identité propre, saluée par une palme d’or à Cannes en 1962 pour Anselmo Duarte.

L’irruption dans l’Histoire du pays de la dictature en 1964 stoppa l’éclosion de cette « nouvelle vague » brésilienne. Ce n’est que dans les années quatre-vingt-dix que le 7e art retrouva un souffle nouveau avec l’arrivée dans les salles de films dus à de jeunes réalisateurs comme Walter Salles ou Kleber Mendonça Filho qui dépeignaient la stricte réalité de leur pays, avec ses espoirs mais aussi ses injustices.

On le voit, le Brésil est bel et bien une terre bienfaitrice pour toutes les formes d’art. Les soubresauts de son histoire mouvementée n’ont jamais éteint la flamme créatrice, et on ne doute pas qu’il en soit ainsi pour les années à venir.

 

Page cinéma

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