Immense pays – le plus grand d’Amérique du Sud, le Brésil possède une grande variété de religions, issues de toutes les influences qui ont bâti cette nation au fil des siècles. Mais la plus importante de toutes est naturellement la religion chrétienne, et plus particulièrement catholique, importée au XVIe siècle par les colons portugais.
Lorsque dans la première moitié du XVIe siècle, les navigateurs portugais posèrent leurs bottes sur les rivages de la côte orientale de l’Amérique du Sud, qui ne s’appelait pas encore Brésil, ils amenèrent avec eux des missionnaires chargés d’évangéliser les populations autochtones, indiens pour la plupart. La colonisation et les jésuites instaurèrent de fait la religion catholique dans tout le territoire, même si ces derniers furent bientôt évincés par la couronne qui craignait que son pouvoir lui échappe au profit de cette congrégation ambitieuse.
La religion catholique au Brésil
Le plus grand pays catholique du monde
La couronne portugaise associa longtemps la religion à sa domination personnelle, jusqu’à la séparation de l’église et de l’état en 1891, date à laquelle le Vatican instaura une réorganisation de l’église et du clergé en insistant sur la formation des prêtres et en multipliant les structures ecclésiastiques dans le pays. Il n’en demeure pas moins que, de par sa taille exceptionnelle et sa population importante, le Brésil est devenu en quelques siècles le plus grand pays catholique du monde.
Jusque dans les années quatre-vingts, plus de 80 % de la population brésilienne se disait catholique, selon les études de l’IBGE (Institut brésilien de géographie et de statistique). Soit près de 130 millions de fidèles, environ 15% du catholicisme mondial ! Cette notion devant malgré tout être tempérée par la pratique parallèle de la part de millions de « catholiques » brésiliens d’autres religions telles les syncrétismes locaux ou les religions évangéliques qui fleurirent au fil de ces dernières décennies.
Le dernier recensement de l’IBGE en 2010 faisait état d’un peu plus de 60 % de la population se revendiquant de la religion catholique. Cette désaffection est due à la place grandissante d’autres formes de religions chrétiennes (spiritisme, télé-évangélisme, pentecôtisme, autres) ainsi qu’à un certain désintérêt des populations plus jeunes. Le Brésil reste malgré tout un pays sous forte influence catholique, et ce à tous les niveaux.
Les causes d’une désaffection
Les statistiques indiquent une plus forte proportion de pratiquants dans les campagnes que dans les villes. Avec la désertification progressive des zones agraires pour les centres urbains, cette proportion va logiquement en diminuant. Dans ces centres urbains, la ferveur catholique diminue au fur et à mesure qu’on atteint les quartiers périphériques, périphéries qui se multiplient avec l’accroissement de la population urbaine. De plus, le niveau socio-culturel bas de ces quartiers ouvre un vaste boulevard aux télé-évangélistes de tous poils aux discours hauts en couleurs, plus attirants que la liturgie traditionnelle professée dans les églises.
Une certaine partie de la population enfin se détourne des préceptes émis par le clergé : les femmes, jeunes et urbaines, qui ont lutté pour leur émancipation et qui se reconnaissent de moins en moins dans la stricte religion catholique, et la classe moyenne grandissante qui est cataloguée comme la moins croyante. Encore une fois, toutes ces remarques ne peuvent occulter que le Brésil reste un pays éminemment catholique par nature.
Les Brésiliens sont très fervents dans leurs convictions et leurs croyances. La religion n’échappe évidemment pas à cet état de fait et étend sa présence dans tous les compartiments de la société. Les crucifix sont présents dans tous les lieux publics, et les politiques se font fort de proclamer leur foi : d’après une étude de l’IBGE, six brésiliens sur dix n’envisagent pas de donner leur voix à un candidat athée. Il n’empêche : la population catholique a fortement baissé depuis quelques années, passant sous le seuil des 70% en 2010.
L’église au service des déshérités
Au fil des ans, l’église catholique s’est posée en défenseur des pauvres et des opprimés, et a essayé de lutter contre les grandes injustices qui sont une des caractéristiques indiscutables du Brésil. Ce mouvement a pris particulièrement de l’importance dans les années de dictature, de 1964 à 1985. L’Eglise Prophétique dénonçait ainsi les injustices sociales et politiques, grâce notamment à des pères dominicains, comme Xavier Plassat ou Henri Burin des Roziers qui se firent les avocats actifs des plus déshérités expulsés de leurs terres, s’attirant au passage les foudres des grands propriétaires terriens. Henri Burin des Roziers réussit même à intenter – et gagner – des procès contre certains de ces propriétaires. Depuis, la pastorale de la jeunesse instaurée par la Conférence des évêques (CNBB) a suivi cette même voie sociale et prophétique.
Les Communautés Ecclésiales de Base furent également créées dans ce même but humanitaire. Elles se réfèrent aux stricts principes de la religion chrétienne, avec en premier lieu l’aide aux plus démunis. La phrase de Saint-Jean : « Celui qui dit aimer Dieu, mais qui n’aime pas son frère est un menteur », est le guide de ces communautés qui vivent à construire une fraternité évangélique au plus près de réalités. L’archevêque de Recife dans les années de dictatures, Mgr Helder Camara, fut un des ses plus célèbres représentants et s’attira les foudres de la bourgeoise en déménageant de son palais épiscopal pour s’installer dans une modeste maison des favelas de sa ville afin d’être au plus près des préoccupations des mal lotis. L’arrivée de Jean-Paul II au Vatican a mis un frein certain à ce genre d’expérience.
Il n’en demeure pas moins que l’église au Brésil est riche, possédant des chaînes de télévision et des radios locales, dans le but avoué de tenter d’endiguer la concurrence féroce que lui font les télé-évangélistes. La pratique du catholicisme reste très forte au Brésil, témoins ces immenses rassemblements populaires que sont le pèlerinage à Notre-Dame d’Aparecida, la fête du Saint-Esprit (Festa do Divino Espírito Santo le Círio) ou le Círio de Nossa Senhora de Nazaré à Belém qui rassemble plus de deux millions de personnes ! Le pape Benoît XVI choisit le Brésil pour la tenue de la 5ème grande Conférence de l’épiscopat latino-américain en 2007, et la ville de Rio de Janeiro fut désignée pour les Journées Mondiales de la Jeunesse qui se tinrent en juillet 2013. Deux preuves supplémentaires de l’importance primordiale du Brésil dans le monde catholique.