Plus que partout ailleurs dans le monde, le football est le sport numéro 1 au Brésil!
Il rythme la vie des habitants, qu’ils soient issus des quartiers pauvres ou bien des classes huppées, il régit leur mode de vie, il entretient leur fierté de part et d’autre de la planète, il représente la déification du sportif pouvant, grâce à son talent exceptionnel, apporter une joie indescriptible à ses supporteurs, ou une peine insondable. Sans risquer la caricature, on peut dire que le Brésil EST le football.
Le football au Brésil: une histoire extraordinaire et mouvementée
Les plus jeunes, ou les moins accros à l’univers du ballon rond, gardent peut-être en tête une bien triste image du football brésilien : celle d’une nation incrédule broyée par la douleur d’une défaite inimaginable lors des demi-finales de la dernière Coupe du Monde de Football organisée… (aïe !) au Brésil en 2014.
Cette déroute à l’ampleur exceptionnelle (7-1 face à l’Allemagne) encaissée par une des Seleçãos certainement les moins talentueuses de l’Histoire du Futebol brésilien démontre au moins deux choses : même la plus grande équipe du monde n’est pas à l’abri d’une cuisante désillusion, et personne ne pourra en aucun cas effacer les innombrables succès que cette équipe a glanés tout au long des décennies.
Depuis son importation depuis le lointain Empire Britannique à la fin du XIXe siècle par Charles W.Miller, un Anglo-Brésilien né à São Paulo, jusqu’aux exploits en Coupe du Monde, le football s’est imposé au Brésil comme le sport incontournable, celui grâce à qui tout devient possible, pour les plus fortunés comme pour les plus déshérités. Et son histoire le montre bien avec pas moins de 5 Coupe du Monde gagnées, un record tout simplement inégalé jusqu’à aujourd’hui!
Le football, ciment de la nation brésilienne
L’avantage indiscutable du football sur tous les autres sports est la simplicité de ses règles de base qui font que tout le monde peut avoir accès à la compréhension de ce sport. Comme dans tous les pays du monde, le foot au Brésil devient rapidement une institution. Mais plus qu’ailleurs, il va tourner en une deuxième religion, après celle très officielle du catholicisme.
Dès le début du XXe siècle, des clubs sont créés, principalement dans les grandes villes comme Rio ou São Paulo, donnant lieu à des affrontements de plus en plus passionnés. Dans la société brésilienne très compartimentée, ces joutes revêtent une valeur éminemment symbolique : Aujourd’hui les clubs comme le Flamengo de Rio deviennent les étendards des populations pauvres et ouvrières, alors que les classes aisées sont représentées par le Fluminense… qui ne compte aucun joueur de couleur dans ses rangs. Cette remarque va prendre un caractère bien particulier dans ce pays à fortes tendances inégalitaires. Et les affrontements sur le gazon en seront d’autant plus symboliques!
Tout gamin qui tape dans un ballon, voire une boîte de conserve, dans les rues des favelas des grandes cités brésiliennes caresse le secret espoir de devenir un jour la vedette adulée que l’on ira applaudir dans les stades mythiques comme le Maracanã de Rio de Janeiro (200 000 places à sa construction, un record mondial à l’époque), construit pour la première Coupe du Monde organisée par le Brésil en 1950. Plus qu’un sport ou un jeu, le foot est un ascenseur social dans lequel toutes les origines ethniques vont bientôt se mélanger pour le plus grand bonheur de tout un peuple.
Pelé, le roi du football brésilien
Les Coupes du Monde vont propulser le Brésil sur le devant de la scène internationale après le deuxième conflit mondial. Celle de 1950 bien sûr, même si la défaite en finale « à la maison » contre l’ennemi juré l’Uruguay est durement ressentie par les supporteurs, mais surtout celle de 1958 en Suède avec l’éclatante victoire en finale de la Seleção auriverde. Et surtout, la révélation planétaire du très jeune (17 ans) attaquant Edson Arantes do Nascimento, dit Pelé.
Avec trois Coupes du Monde à son palmarès et d’autres titres prestigieux, le « roi » Pelé va incarner pour l’éternité l’image parfaite du footballeur moderne, au même titre que Fangio pour le sport automobile. Au Brésil, il devient la figure emblématique unanimement respectée dans et hors du pays (il sera d’ailleurs nommé ministre des sports du Brésil dans les années quatre-vingt-dix, puis ambassadeur de l’ONU et de l’UNESCO à l’éducation et l’environnement).Pelé ne représente pas seulement l’idéal brésilien en matière sportive. Par son élégance et son talent naturels, il va incarner à merveille ce jeu brillant, artistique et inspiré qui sera de tous temps la marque de fabrique de l’équipe du Brésil, pour le plus grand bonheur des supporteurs, et pas seulement brésiliens.
A l’image de Pelé, tous les grands joueurs brésiliens – et c’est ce qui en fait leur charme indéniable – s’appliquent à pratiquer ce jeu fait d’intuition et de coups de génie, que la presse du monde entier a qualifié de « jeu-samba » tant l’aspect festif est flagrant dans ce que propose l’équipe nationale. Même si de nos jours le jeu s’est musclé et laisse de moins en moins de place à la fantaisie – comme malheureusement dans beaucoup de sports – voir évoluer le Brésil en sélection reste un plaisir rare, même pour les plus rétifs au ballon rond.
Socrates, Le médecin démocrate & Ronaldo, les 2 successeurs inoubliables
Les successeurs de Pelé furent nombreux, et les nommer tous serait bien long. On en citera néanmoins deux, pour leur particularisme : Ronaldo Luis Nazario de Lima, ou tout simplement Ronaldo, est considéré comme un des tous meilleurs attaquants de tous les temps. « O Fenomeno » fut un joueur puissant, à la pointe de vitesse époustouflante et à la technique irréprochable. Lauréat de deux Ballons d’Or (1997 et 2002) et de deux Coupes du Monde (1994 et 2002), il reste une référence absolue pour les attaquants du monde entier.
L’autre « phénomène » fut l’emblématique Sócrates Brasileiro Sampaio de Souza Vieira de Oliveira, plus connu sous le nom de Sócrates. Ce milieu de terrain élégant ne détient pas un palmarès international de tout premier plan (il fut malheureusement de l’équipe des années quatre-vingts qui ne réussit pas à ramener la Coupe du Monde au pays) mais son parcours hors-normes en fait un des joueurs les plus marquants : à l’inverse de l’immense majorité de ses condisciples, Sócrates était non seulement éduqué, mais titulaire d’un diplôme de médecine, d’où son surnom de « Doctor » !
A ce particularisme de taille, le joueur-médecin ajoutait celui d’un citoyen engagé vers plus de liberté d’expression, le pays vivant alors sous la férule de la junte militaire. Il instaura une sorte d’autogestion dans son club des Corinthians avec à la clé des actions destinées à faire prendre conscience au peuple brésilien de la nécessité de gérer lui-même son destin. Leur devise était « Gagner ou perdre, mais dans la démocratie ».
Cet engagement ne rencontra non seulement jamais le véto des autorités (trop craintives de toucher à une légende comme Sócrates) mais eut une part non négligeable dans l’acheminement du pays vers la voie de la démocratie.
Le football au Brésil, Une grand’ messe à ne manquer sous aucun prétexte
Le fan de ballon rond, mais aussi le touriste curieux, ne pourra pas refuser la possibilité offerte d’aller voir un grand match de football dans un lieu mythique comme le Morumbi de São Paulo ou le Maracanã de Rio de Janeiro.
Même si ce dernier a vu sa capacité d’accueil réduite de 200 000 à 100 000, puis à 80 000 spectateurs pour la Coupe du Monde 2014 – officiellement pour de meilleures conditions de spectacle, assister à un match du championnat brésilien, ou pour les plus chanceux d’une coupe d’Amérique du Sud, dans ces temples du football reste une occasion rêvée de vivre une expérience exceptionnelle de ferveur et de passion comme seul le peuple brésilien sait en produire.
Au même titre que le Carnaval, le football reste l’occasion immanquable pour les Brésiliens toujours prompts à faire la fête de montrer leur exubérance et leur crédo indéfectible en leur équipe. La discussion d’avant match ne portera d’ailleurs pas sur le fait de gagner ou ne pas gagner, mais de savoir quelle sera la meilleure composition possible de la Seleção pour ramener un titre qui ne peut qu’aller de soi (enfin… en théorie) !