Nul ne peut en douter, le Brésil est un pays riche. Riche en industrie, en commerce, en culture, en traditions, en sport. Il est un domaine certainement moins connu où le plus vaste pays d’Amérique latine tire remarquablement son épingle du jeu : l’extraction et la production de pierres précieuses. Il est même devenu le plus important pourvoyeur mondial en la matière !
Plus de 90 variétés de pierres précieuses au Brésil
Lorsqu’on parle de pierres précieuses, on a tendance à penser immédiatement aux pays africains, Afrique du Sud, Mozambique ou Tanzanie, et asiatiques, Inde, Thaïlande, Chine ou Sri Lanka, pour ne citer que les plus célèbres. Or, pour la plupart des joyaux faisant se pâmer la planète, le Brésil vient en premier sur la liste des fournisseurs de gemmes (substance minérale d’une beauté et d’une rareté exceptionnelles – et donc de très grande valeur – utilisée en ornementation).
Le pays assure environ le tiers de la production internationale grâce à son état « réservoir », le Minas Gerais (« Mines communes » en portugais) dont les villes d’Ouro Preto (« Or noir »), ville par ailleurs inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO et de Teófilo Otoni sont les dignes représentantes. Parmi les multiples attraits touristiques qu’offre ce pays décidément toujours surprenant, celui de l’achat de pierres précieuses n’est pas des moindres : plus de 90 variétés, dont beaucoup de réputation mondiale, sont proposées aux amateurs. Le fait de pouvoir dénicher en toute tranquillité dans la multitude d’échoppes ou de magasins spécialisés le trésor à (s’) offrir peut inciter le voyageur en quête d’étincelles dans les yeux à se lever tôt même s’il est en vacances !
Le miracle minéral du Minas Gérais
Au tout début du XVIe siècle, les premiers explorateurs venaient dans un but évident de conquête, conquête territoriale et commerciale. Les pierres précieuses constituaient à l’époque une monnaie d’échange prisée, mais aussi le luxe ultime de l’apparat princier et royal. Mais c’est au XVIe qu’eut lieu dans l’état du Minas Gerais la ruée vers l’or qui allait faire du Brésil un producteur de premier plan de gemmes toutes plus rares les unes que les autres.
La ville d’Ouro Preto fut bâtie à cette époque en un temps record dans la fièvre aurifère qui enflammait les prospecteurs. En 1750, la ville minière comptait plus d’habitants que New York ou Rio de Janeiro, pour donner une petite idée de l’ouragan déferlant sur le pays. Elle a depuis beaucoup perdu de son influence avec l’épuisement des réserves d’or à la fin du XIXe siècle, mais demeure une ville magnifique très fréquentée par les touristes.
Également dans le Minas Gérais, Teófilo Otoni doit son attractivité aux multiples bijouteries artisanales et familiales aptes à satisfaire la majorité des amateurs de pierres précieuses venus au Brésil pour cet aspect de la richesse du pays. Les états du Mato Grosso do Sul, Bahia, le Paraná ou le Roraima, assurent pour leur part une production importante. Paradoxalement, le pays numéro un mondial dans le domaine ne compte qu’un seul véritable joaillier sur son territoire, le fameux Hans Stern (mort en 2007), authentique référence planétaire. Mais on entre là dans une autre dimension, tant culturelle que financière.
Les pierres précieuses incontournables du Brésil
Il est bien entendu hors de question de passer en revue toutes les variétés de pierre précieuses qu’on peut trouver au Brésil. On se contentera d’évoquer les plus recherchées et les plus célèbres.
Aigue-marine
Appelée comme cela à cause de son incroyable couleur bleu-vert faisant songer aux fonds sous-marins, cette pierre est la plus représentative du Brésil. Pouvant dépasser les 100 kg (!), elle est produite dans le Minas Gérais (les aigues-marines les plus recherchées au monde) mais aussi au Rio Grande do Norte, à Ceará, Paraíba et Alagoas.
La plus célèbre est la Marambaia, d’un poids de 111 kg, et de 45 cm de hauteur sur 38 cm de largeur. On pourra également citer Lucia, Marta Rocha et cachacinha, toutes extraites du sol brésilien. Il existe des aigues-marines jaunes, mais les bleues sont les plus prisées. Plus la couleur est foncée, plus la valeur de la pierre augmente !
Améthyste
L’améthyste est un quartz semi-transparent de couleur violette. Cette couleur peut d’ailleurs s’estomper après une longue exposition à la lumière du soleil. Malgré le fait qu’elle soit très utilisée dans les objets décoratifs, son prix est relativement bas, ce qui rend la pierre très attractive.
Là-encore, le Brésil est le producteur mondial numéro un, devant la Russie, l’Inde le Paraguay, les États-Unis ou le Mexique. L’extraction provient principalement du Rio Grande Do Sul, Bahia venant ensuite.
Emeraude
Assez proche de l’aigue-marine, l’émeraude est un béryl (« cristal de la couleur de l’eau de mer », si l’on en croit les traductions du grec ancien) de couleur vert assez foncé. Produite dans le Minas Gérais, ainsi qu’à Bahia et dans le Goiás, elle est utilisée exclusivement en bijouterie.
C’est une des plus anciennes pierres répertoriées puisqu’on en trouve des traces dans Babylone ainsi que dans l’Egypte antique. De fait, l’émeraude est une des trois pierres précieuses les plus recherchées, avec le rubis et le diamant. Les plus renommées sont la Kakovin, la Jehangir et la Devonshire (elle fut offerte au duc du même nom par l’empereur Pierre 1er du Brésil en 1831).
Jade
Remontant lui aussi à l’antiquité, le jade fut très prisé en Chine, puis chez les Aztèques qui la préféraient à l’or. Ce nom désigne en fait deux pierres différentes, la néphrite et la jadéite. La première est la plus utilisée des gemmes pour sa solidité, notamment dans la décoration, alors que la seconde est la plus rare, donc la plus précieuse.
Le Brésil n’est pas le plus important producteur de jade, laissant cet honneur à la Russie et à la Chine. La néphrite est essentiellement verte, d’où son surnom de « jade d’épinards ». La jadéite se pare de couleurs différentes, allant du blanc au vert profond, en passant par le marron, le jaune, le violet ou le rouge-orangé.
Topaze
Pierre pouvant revendiquer une origine totalement brésilienne, la topaze de Bragança fut découverte au XVIIe siècle à Ouro Preto, où elle est toujours produite. Mais la plus célèbre est la Princesa Brasileira, découverte à Teófilo Otoni, qui fait 21 327 carats, la topaze de Bragança ne faisant « que » 1680 carats !
La topaze peut être de couleur blanche, jaune, orange, marron, rose, rouge ou bleue. La plus précieuse est la topaze impériale d’Ouro Preto et, si l’immense majorité de la production mondiale vient du Brésil, on ne peut oublier celles, plus modestes, issues des Etats-Unis, du Pakistan et… de la France. Eh oui !
Tourmaline
Les tourmalines sont des cristaux cylindriques allongés dans le sens de la hauteur, et de teintes variées : une même tourmaline peut arborer une couleur à ses extrémités et une autre entre les deux. Elle est alors appelée tourmaline bicolore. Bien que devancé par la Russie, l’inde, Madagascar ou le Sri Lanka, le Brésil produit de remarquables tourmalines dans le Minas Gérais ainsi qu’à Bahia et Goiás.
Les tourmalines proposent plusieurs couleurs, la plus sombre étant toujours la plus chère. Avec son fascinant bleu néon, la tourmaline Paraiba est certainement la plus recherchée. Mais l’extinction progressive de sa production dans le Minas Gérais, ainsi que celle d’Afrique, va la rendre encore plus inaccessible !
Diamant
Le diamant n’est pas à proprement parler une pierre précieuse pour des raisons géologiques, mais il ne peut être laissé de côté tant sa valeur est élevée, souvent bien plus que ces dernières. Il est 100 à 150 fois plus dur qu’un rubis ou un saphir, et sa taille peut prendre jusqu’à plusieurs jours, là où il ne faut que quelques minutes pour une pierre précieuse !
Á l’inverse de celles-ci, il est totalement transparent, quasiment incolore et sa valeur croît avec sa pâleur. Il existe toutefois des diamants de couleur, mais là aussi leur prix augmente avec la disparition de ladite couleur. Il est produit dans le Mato Grosso, mais également dans le Minas Gérais, à Bahia, dans le Paraná et le Roraima. Le Brésil fut le premier producteur de diamant au monde, avant que d’être supplanté par l’Afrique du Sud à la fin du XIXe siècle, et maintenant la Russie et le Botswana.