L’architecture au Brésil

L’architecture au Brésil est un mélange d’influences multiples adaptées au cours d’époques différentes à la nature et la topographie d’un pays au conditions géographiques et climatiques variées.

Les explorateurs portugais découvrirent des villages indigènes très organisés autour de maloca, les grandes huttes communautaires. Ils bâtirent eux-mêmes des édifices religieux entourés de maison précaires puis leurs descendants édifièrent des villes qui devinrent des mégalopoles comme Sao Paulo. Le tout suivant des courants que l’on retrouve dans toutes les autres disciplines artistiques.

Plan d'une maloca, maison indigène yanomami au Brésil.

L’architecture indigène au Brésil

 

Même sans technologies avancées ou connaissances techniques professionnelles, les Indiens brésiliens ont réussi à ériger des bâtiments assez élaborés. Chaque tribu a développé son propre art architectural, avec ses particularités en rapport avec le mode de construction, la forme et la taille des maisons. Ce qui les relient c’est qu’ils sont presque tous adeptes des matériaux végétaux, donnant à l’architecture indigène un aspect vernaculaire indéniable. Étant donné les conditions tropicales, il reste ainsi très peu de traces des habitats indigènes antérieurs à la colonisation. Cependant, les dernières avancées en archéologie amazonienne, en utilisant la cartographie par satellite, changent la donne. Elles ont permis de discerner de vastes ensembles de traces et de fondations de bâtiments au cœur de la jungle, aujourd’hui enfoui sous la végétation, mais qui suggèrent qu’il y a eu une architecture lithique par le passé. Ces perspectives sont encore l’objet d’études à l’heure où nous écrivons. Mais elles révolutionneront peut-être notre vision des indigènes amazoniens du Brésil et de leur architecture.

Certaines tribus vivaient et d’autres vivent encore rassemblées dans des villages appelés « tabas » qui comprennent des maisons individuelles, alors que d’autres préféraient des édifices plus imposants pouvant abriter toute la tribu, les « malocas » ou « oca ». Il existe également des modèle hybrides, avec une grande maison centrale commune et des huttes de plus petites dimensions pour chaque famille. Dans la plupart des cas, les cabanes sont disposées en cercle ou arc avec une grande place centrale de terre battue idéale pour les rituels.

Les malocas – circulaires, elliptiques ou rectangulaires – étaient divisés intérieurement par des espaces d’environ six mètres sur six, séparés par un couloir central où se trouvait la partie réservée à la préparation des aliments. Les maisons étaient bâties sur des structures en bois, couvertes de chaume, de fibres ou de feuilles. Dans les zones sèches, les édifices étaient proches du sol, mais dans les régions marécageuses, on construisait naturellement sur pilotis. En tout état de cause, la maison était conçue pour protéger tant que faire se peut contre les intempéries et les attaques des animaux, voire des ennemis.

A l’heure actuelle, peu de peuples indigènes vivent encore dans ce type d’habitat typique. C’est le cas des tribus Yanomami par exemple, qui ont choisi de continuer à vivre dans les grandes maisons comme leurs ancêtres.

Paraty église au pied des montagnes

L’architecture coloniale au Brésil

 

Evidemment d’inspiration portugaise, l’architecture coloniale se caractérisait avant tout par les églises commandées par les autorités ecclésiastiques, jésuites en tout premier lieu. Les premières furent construites grâce aux matériaux trouvés sur place (bois), mais bientôt les colons érigent des bâtiments en dur où on retrouva l’architecture de la mère nation, avec ses frontons blancs notamment.

Les maisons étaient beaucoup plus simples, en pisé et en bois. Les matériaux en dur, ainsi que l’élaboration de plus grandes demeures avec beaux planchers et plafonds amenèrent progressivement l’habitat brésilien vers une recherche plus axée sur la qualité. L’église de Santa Rita, et les résidences de la commune à Paraty ou les rues du quartier historique de Pelourinho, dans la ville de Salvador de Bahia sont de beaux exemples d’architecture coloniale. La ville de São Luis du Maranhão, fondée par des français, abrite aujourd’hui le plus grand ensemble architectural colonial du Brésil. il est cependant en très mauvais état pour la plus grande part malgré les efforts de rénovation depuis le classement au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Eglise Tiradentes Minas Gerais

L’architecture baroque brésilienne

 

L’architecture baroque fut le prolongement logique du courant colonial. On est simplement passé à un désir plus évident de disposer de demeures confortables, et surtout de montrer sa réussite sociale. Les villes étaient riches et les familles voulaient investir dans le développement de l’architecture. Des villes comme Ouro Preto, Diamantina, Tiradente ou Mariana dans le Minas Gerais demeurent comme les plus beaux vestiges de l’architecture baroque au Brésil.

Au XVIIe siècle, deux grands courants d’architecture dite baroque apparaissent : d’une part celui instauré par les bandeirantes, ces explorateurs qui partaient vers l’intérieur du pays dans les régions aurifères du Minas Gerais à la recherche d’exploitations minières. D’autre part le baroque religieux qui atteint son apogée au XVIIIe. Si le premier se contentait de constructions fonctionnelles au style épuré, le deuxième se repaissait de dorures et circonvolutions architecturales qui prirent le nom de « rococo ». Le sculpteur et architecte Aleijadinho est un des plus célèbres représentants de ce mouvement.

vue extérieur du musée impérial de Petropolis au Brésil.

L’architecture néoclassique du Brésil

 

Toute exagération entraînant un mouvement inverse, c’est ce qui se passa entre l’architecture baroque et la néoclassique. Au début du XIXe siècle, la première était de plus en plus perçue comme la vision surannée des vieux colons que la nouvelle indépendance acquise en 1822 voulait, sinon effacer, du moins abandonner. L’architecture néoclassique avait pour but de remettre les vraies valeurs brésiliennes dans l’esthétique des nouveaux bâtiments.

Elle devait être plus fonctionnelle, et s’adapter aux villes qui s’agrandissaient du nord au sud, São Luis, Recife, Salvador, Rio ou São Paulo. Les plans étaient simplifiés, les pièces plus grandes, les fenêtres devenaient vitrées et les édifices avaient un aspect symétrique qui allait de pair avec l’urbanisation de ces grands centres.

Jusqu’en 1870, Rio de Janeiro a hébergé une mission culturelle française. L’architecte le plus important dans la mise en œuvre de l’architecture néoclassique fut Grandjean de Montigny. Son enseignement allait jeter les bases de l’architecture moderne au Brésil. Ce style devint plus populaire avec l’inauguration de l’Académie impériale en 1826. On peut l’admirer au Musée Impérial de Petrópolis, aux Teatro da Paz à Belém, au Teatro Santa Isabel à Recife, et bien sûr à l’Académie impériale des beaux-arts et la Casa da Moeda à Rio de Janeiro.

théatre Amazonas Manaus vue de la rampe d'accès

L’architecture éclectique brésilienne

 

Elle fut propagée par l’Académie Impériale et suivait de très près le néoclassicisme, mais en ne refusant plus systématiquement certains aspects intéressant du passé. La différence se situait surtout dans une plus grande maîtrise de l’ingénierie de la construction, le fer forgé constituant une des caractéristiques essentielles des nouveaux édifices érigés dans la deuxième partie du XIXe siècle. L’explosion du commerce du café, du sucre et surtout de la Borracha, le caoutchouc issu des hévéas amazoniens, vont créer des fortunes colossales qui poussent les brésiliens à développer considérablement leur patrimoine architectural avec ce qui se fait de mieux. Manaus devient ainsi la ville la plus moderne du monde à la fin du XIXe siècle.

A l’inverse des périodes précédentes où des cohortes d’esclaves étaient utilisées pour l’édification des projets, une main d’œuvre plus qualifiée fut employée. Elle était censée être au service d’un plus grand raffinement lié à l’évolution des grandes cités. Le Théâtre Amazonas et le Mercado Municipal à Manaus, le bâtiment Ely à Porto Alegre, ou le Palais Laranjeiras et la bibliothèque impériale à Rio de Janeiro sont les représentants les plus aboutis de l’architecture éclectique.

Vue oblique du Palais du Congrès National de Brasília au Brésil.

L’architecture moderne au Brésil

 

Comme dans les autres disciplines artistiques, la Semaine d’Art Moderne qui se tint à São Paulo en 1922 constitua un total changement de posture et d’attitude comportementale. C’était le moment d’affirmer l’identité nationale et de changer les habitudes de la société. L’architecture n’échapperait pas au mouvement et deviendrait moderne, conséquence des grandes innovations technologiques qui sont apparues dans le monde avec l’explosion de la révolution industrielle, comme le béton armé.

L’État a joué un rôle important dans le processus d’affirmation de ce nouveau courant, en parrainant de nombreuses œuvres comme symbole de modernité et de progrès. Entre les années 1960 et 1970, l’architecture moderne a constitué un puissant outil utilisé par les gouvernements successifs pour démontrer les progrès et l’industrialisation du pays. Le premier travail de retombée nationale dans ce style a été le bâtiment du ministère de l’Éducation et de la Santé, réalisé en 1936. Des bâtiments comme celui-ci ont des formes géométriques bien définies, sans ornements.

La Casa Modernista à São Paulo, le Conjunto da Pampulha à Belo Horizonte, le Grande Hotel à Ouro Preto, ou le Musée d’art moderne et l’Association de la presse brésilienne à Rio de Janeiro témoignent parfaitement de ce courant novateur. Mais le grand œuvre de l’architecture moderne brésilienne reste bien évidemment la création en 1960 par Oscar Niemeyer et Lúcio Costa de la capitale fédérale Brasilia.

Vue extérieure du batiment contemporain cidade das artes à Rio de Janeiro au Brésil.

L’architecture contemporaine au Brésil

 

Elle a succédé à sa devancière à l’orée des années quatre-vingt. Plus question ici de dogme à suivre aveuglément, chaque architecte utilise son propre langage pour aboutir au meilleur résultat possible. L’esthétique est évidemment importante dans l’architecture contemporaine, mais l’emploi de techniques et de matériaux en phase avec leur époque est primordial.

Les projets sont établis sur des bases de durabilité, d’économie et de fonctionnalité. On préconise notamment la création de larges ouvertures vitrées pour faire entrer la lumière. À l’aube du XXIe siècle, on ne peut que concevoir des bâtiments s’inscrivant dans une voie écologique, s’appuyant sur des matériaux moins toxiques et implantant le végétal au cœur du projet.

Grâce à des architectures de plus en plus inspirées et futuristes, le Brésil a prouvé au monde entier qu’il méritait son accession de plain-pied dans le cercle des pays de technologie avancée.

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