Au Brésil, les dieux sont partout, la religion fait partie du quotidien de l’immense majorité de la population.
Selon le dernier recensement, seulement 8% de la population se déclare sans croyance religieuse et plus de 1000 noms de religions ou croyances ont été évoqués ! Une information qui donne le tournis et laisse un peu sceptique. Pourtant, si 65% des Brésiliens se définissent comme catholiques, des centaines de cultes évangélistes et autres émergent et disparaissent chaque année, faisant de la scène religieuse brésilienne une des plus dynamiques au monde.
Car au Brésil, il est commun de changer plusieurs fois de religions et même d’appartenir à plusieurs cultes en même temps en fonction de ses aspirations. Il existe donc un véritable marché des religions avec des cotes de popularité qui changent au fil du temps.
Du traditionnel Catholicisme Apostolique Romain au culte syncrétique afro-brésilien du Candomblé en passant par le bouddhisme, nous vous proposons de faire un petit tour d’horizon de la religiosité au Brésil. Ainsi, vous pourrez comprendre un peu mieux la spiritualité de sa population lors de votre voyage.
Les différentes religions pratiquées au Brésil
Le Brésil, un pays à la tradition chrétienne forte issue des colons européens
Colonisé par les portugais, pays à la très forte tradition catholique, le Brésil a hérité de cette relation forte avec le Vatican tout au long de son histoire. Il est aujourd’hui reconnu comme le premier pays catholique du monde en termes de nombre de pratiquants avec plus de 128 000 000 de personnes se déclarant catholiques au dernier recensement de 2010.
Dès le début de la colonisation, les Jésuites s’installèrent dans tout le pays en créant des camps d’évangélisation pour les communautés indigènes. Malgré leur expulsion par les autorités qui voyaient d’un mauvais œil le pouvoir politique grandissant de cet ordre, son impact fût décisif dans le processus de christianisation massive du Brésil. Ainsi, jusqu’aux années 70, le Brésil est un pays catholique à plus de 90%.
A partir de cette époque, une partie de la population se distancie de la tradition catholique. Elle se prend d’intérêt pour les cultes protestants évangélistes venus de la Bible Belt aux Etats-Unis et déjà implantés depuis le XIXe siècle, notamment dans le sud du pays. En 40 ans, c’est plus de 20 % de la population qui se tourne vers ces nouvelles églises, essentiellement les classes moyenne et moyenne haute qui recherchent des systèmes moins rigoureux pour vivre leurs spiritualités. Rapidement, les pasteurs autodidactes se multiplient et d’innombrables congrégations aux noms évocateurs tels que l’Assemblé de Dieu, Deus é amor (Dieu est amour) ou encore la puissante Eglise Universelle du Royaume de Dieu font leur apparition.
Toutes ces églises chrétiennes se caractérisent aujourd’hui par une dimension sociale importante d’aide aux plus défavorisés. Mais également par une participation plus active des croyants aux offices religieux avec de nombreux chants et des mises en musique des cultes à l’image de la tradition Gospel Nord-Américaine.
Les religions brésiliennes nées de la rencontre des peuples autochtones, esclaves et migrants
L’histoire du Brésil contemporain est avant toute chose celle de rencontres, d’échanges et d’assimilation, désirés ou non, entre les Amérindiens et les différentes vagues de migrants venus de tous les horizons avec, dans leurs bagages, des attaches spirituelles très variées.
Leurs descendants, souvent isolés dans des campagnes de cet immense pays, ont au fil du temps procédé à des échanges de savoir et de spiritualité. De la même manière que les indigènes et les esclaves venus d’Afrique se christianisèrent rapidement sous la contrainte, ils transmirent et s’échangèrent leurs cosmologies au travers de mythes et superstitions. De ce processus en perpétuel mouvement, souvent secret car totalement prohibé et durement réprimé par les colons, émergèrent de nouvelles religions. Elles permirent de faire survivre les héritages mythologiques africains et indigènes cachés derrière des noms de saints catholiques.
Dans les états de Bahia et de Pernambouc, là où arrivaient la plupart des esclaves africains, émergèrent ainsi des cultes syncrétiques mélangeant christianisme, religions africaines et indigènes. Aujourd’hui on les retrouve essentiellement à travers le Candomblé. Très populaires dans ces régions, il s’est diffusé dans tout le pays et même par-delà les frontières, touchant toutes les classes sociales. Une des particularités de ce culte est le rôle important données aux femmes qui sont souvent les prêtresses des Terrero, les églises du Candomblé.
L’Umbanda, mélange de christianisme, de spiritisme et du culte des Orixas, les saints du Candomblé, est également une de ces fusions très populaires entre des religions différentes pour former un nouveau culte afro-brésilien. Il a séduit beaucoup de blancs de la classe moyenne haute car moins centré sur l’Afrique.
En 1930, au cœur de l’Amazonie, est apparu un autre syncrétisme pour le moins étonnant : ayant rencontré les indiens dans la forêt, un ancien collecteur de caoutchouc a créé un culte mélangeant catholicisme et chamanisme indigène. La particularité de ce culte, le Santo Daime est d’utiliser l’Ayahuasca, un boisson hallucinogène indigène sacrée, comme sacrement. Depuis 1972, le gouvernement brésilien à reconnu cet usage et autorisé cette pratique qui compte des membres dans tout le pays et de par le monde.
Découvrez des religions brésiliennes aux influences africaines et amérindiennes
La religion afro-brésilienne du Candomblé Le chamanisme moderne brésilien du Santo Daime
Les autres religions au Brésil
En dehors de ces différentes pratiques plus ou moins issues de la chrétienté qui représentent la majorité des croyants au Brésil, de nombreuses autres pratiques religieuses sont représentées. D’une part, un certain nombre de peuples amérindiens continuent à pratiquer leurs cultes, souvent en marge d’une pratique chrétienne. De l’autre, de nombreuses communautés ayant débarqué en quantité importante ont conservé au milieu de leurs héritages culturels la religion principale de leurs peuples d’origine.
On trouve ainsi une discrète communauté juive depuis les débuts de la colonisation. Une petite communauté musulmane également, principalement dans les états du Paraná et de Sao Paulo, ainsi que plus de 200 000 bouddhistes, une religion arrivée avec les japonais il y a un peu moins de 100 ans. Mais aussi, moins classique, pas moins de 2 250 000 Spirites, des adeptes de la religion fondée par le lyonnais Alan Kardec, tombée dans l’oubli en Europe mais bien vivante au Brésil !
Spiritisme et autres religions venus d’ailleurs au Brésil
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